Amélie Oudéa-Castera se serait bien passée d’être la vedette de la seconde partie du remaniement gouvernemental déclenché par Emmanuel Macron avec la nomination de Gabriel Attal comme premier ministre, le 9 janvier. La ministre des Sports et des Jeux Olympiques, ancienne championne de tennis pro et ex-condisciple d’Emmanuel Macron à l’École nationale d’administration, avait pris l’ascenseur le 11 janvier, nommée ministre de l’Éducation nationale.
Le président de la République pensait alors avoir abattu une carte maîtresse. Or tout a déraillé. La nouvelle ministre s’est pris les pieds dans le tapis sur la scolarité de ses enfants dans une école privée et huppée. Tout le monde s’est mis à la moquer. Il fallait la sortir de ce guêpier. C’est désormais fait: la voici redevenue ministre des Sports dans la liste complétée du nouveau gouvernement français. Elle reprend donc le dossier des JO de Paris 2024. A sa successeure de calmer les enseignants en colère...
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Rien compris? Normal!
Vous n’avez pas vraiment compris ce changement? Normal. En France, le président fait ce qu’il veut. Et Emmanuel Macron, ces dernières semaines, a abusé de ce privilège. Un mois a séparé l’annonce du premier peloton de ministres, le 11 janvier, et l’arrivée des retardataires. Une trentaine de ministres au total, dont un certain nombre sont des parlementaires peu connus.
Ne cherchez pas à y voir clair. Il ne s’agit pas de nommer à la tête des ministères des personnalités reconnues pour leurs compétences ou leur connaissance des dossiers, même si le nouveau ministre de la Santé a dirigé la Fédération hospitalière de France. Il s’agit surtout de satisfaire les différentes obédiences de la majorité présidentielle.
François Bayrou, le leader centriste relaxé mercredi dans une affaire de détournement de fonds publics, s’est d’ailleurs payé le luxe de dire non par anticipation, alors qu’on le donnait de retour à l’Éducation, dont il s’occupa comme ministre à la fin des années 90. Bienvenue dans la cuisine politique hexagonale. A charge pour celle-ci de permettre à Emmanuel Macron de finir son mandat, qui doit s’achever en 2027.
Absence de coup d’éclat
Le plus frappant est l’absence de coup d’éclat, ou de personnalité reconnue au sein de ce gouvernement. Le chef de l’État avait réussi son coup le 11 janvier, avec l’arrivée tonitruante de Rachida Dati au ministère de la Culture. Cette fois, pas de tête d’affiche. La remplaçante d’Amélie Oudea-Castera sera l’ancienne ministre de la Justice Nicole Belloubet (2017-2019) nommée Garde des sceaux après la démission d’un certain… François Bayrou. Une ministre qui, lorsqu'elle était rectrice d'Académie, affirmait ne pas croire à l'éloge tous azimuts de la discipline et de l'uniforme aujourd'hui en vogue au sommet de l'État.
Les autres nominations? Aucune n’est saillante. L’impression est que la France va désormais être dirigée par un attelage à trois. Au sommet? Emmanuel Macron, par qui toutes les décisions passent. En ailier latéral et offensif: le premier ministre Gabriel Attal, 34 ans, chargé de dribbler les oppositions à coups de communication massive, et de recoller au score du Rassemblement national pour les élections européennes du 9 juin 2024.
En guise de force de frappe? Les ministres vétérans comme Bruno le Maire aux Finances, Darmanin à l’Intérieur ou Eric Dupond-Moretti à la justice. Les autres ne pèseront guère dans cet attelage. Ils n’assisteront d’ailleurs pas à tous les conseils des ministres. Le gouvernement français est au complet. Mais le suspense politique a surtout révélé une réalité: Emmanuel Macron, sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, est toujours aussi isolé à la tête du pays qu’il promet de continuer à réformer.