La situation était «plus calme» samedi dans la majeure partie de la Nouvelle-Calédonie, au sixième jour des émeutes causées par une réforme électorale qui a provoqué la colère des indépendantistes. La vie des Néo-Calédoniens devient cependant de plus en plus difficile.
L'arrivée vendredi soir de 1000 gendarmes supplémentaires, en plus des 1700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises pour reprendre le contrôle de la situation.
Mais pour les habitants, les dégâts de plus en plus étendus compliquent le ravitaillement dans les commerces, ainsi que le fonctionnement des services publics, notamment de santé.
Trois heures d'attente devant certains magasins
Devant les rares magasins de Nouméa qui n'ont pas été ravagés par les flammes ou pillés, les files d'attente restaient très longues samedi. «Cela fait plus de trois heures qu'on est là», soupirait Kenzo, 17 ans, en quête de riz et de pâtes.
Selon la chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie, les violences ont «anéanti» 80% à 90% de la chaîne de distribution commerciale de la ville. Le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a promis la mobilisation de l'Etat pour «organiser l'acheminement des produits de première nécessité» et un «pont aérien» entre la métropole et son archipel, séparés de plus de 16'000 km.
Au moins six morts
Le danger subsiste par ailleurs dans les quartiers où les émeutiers sont les plus nombreux et les mieux organisés. Dans l'un d'eux, la Vallée du Tir à Nouméa, un motard s'est tué vendredi en fin d'après-midi dans un accident de la route en heurtant une épave de voiture.
Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va continuer à faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak.
La crise a fait six morts, dont deux gendarmes et trois civils kanaks, et des centaines de blessés au cours de violentes nuits d'émeutes. Selon Nouvelle-Calédonie la 1ère, une sixième victime serait décédée samedi. Un échange de coups de feu sur un barrage érigé par des émeutiers en serait la cause et aurait aussi fait deux blessés, rapporte l'AFP.
Le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie, a confirmé à l'AFP «un mort et deux blessés à Kaala-Gomen», une commune de la province Nord. Les faits se sont produits à 14h30 (5h30 en Suisse), selon deux sources proches du dossier. D'après une de ces sources, des tirs ont été échangés quand deux Caldoches d'une même famille ont voulu passer un barrage: le père est décédé, son fils a été blessé, ainsi qu'un Kanak.
Vols suspendus
Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a en outre recensé 3200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel, a-t-il annoncé samedi. Les vols commerciaux sont suspendus depuis mardi en raison des émeutes.
La reprise du trafic est programmée mardi par Aircalin, mais cette date est très incertaine, car elle est soumise à l'évolution des conditions de sécurité. Air Calédonie, pour sa part, ne propose plus de vols «jusqu'à nouvel ordre».
L'Australie et la Nouvelle-Zélande travaillaient samedi à la préparation pour ramener leurs ressortissants depuis la Nouvelle-Calédonie.