Pierre Palmade, 54 ans, doit-il être envoyé en prison dans l’attente de sa très probable mise en examen et d’un éventuel procès? Le comédien, très populaire en France pour ses one man shows et ses pièces de théâtre telles que «Ils s’aiment, ils se sont aimés», a été victime d’un accident vasculaire cérébral ce samedi 25 février à l’hôpital où il se trouvait depuis le très grave accident de la route qu’il a provoqué le 10 février. Trois autres personnes ont été grièvement blessées et une femme, enceinte, a perdu son enfant.
Le comédien conduisait sous l’emprise de stupéfiants. Il est aujourd’hui visé par deux enquêtes. L’une pour «homicide et blessures involontaires», l’autre pour «détention d’images pédopornographiques». L’incarcération apparaît pour beaucoup légitime. Juste? Retour sur une tragédie sur laquelle la Cour d’appel de Paris doit trancher ce lundi.
Ce que l’on sait de l’enquête
S’il est incarcéré ce lundi par la Cour d’appel de Paris, le comédien ne le sera pas seulement à cause du terrible accident de la route qu’il a provoqué au volant de son véhicule le 10 février dans le sud du département de la Seine-et-Marne, près de Paris, où se trouve l’une de ses résidences (qu’il avait par ailleurs mise en vente depuis quelques semaines).
Mis en examen le 17 février pour «homicide et blessures involontaires», Pierre Palmade est en effet sous le coup de deux enquêtes. La première, pour «homicide et blessures involontaires», est logique vu les circonstances de l’accident causé par un écart brutal de sa voiture sur la voie de gauche, et par sa conduite sous l’emprise de stupéfiants.
Cette enquête a été automatiquement déclenchée par le parquet, après les constats sur place des gendarmes qui ont sorti les quatre passagers présents sur les lieux des voitures très endommagées. L’une des passagères enceinte, rappelons-le, a perdu son enfant à la suite de cet accident de la route.
Les deux passagers de la voiture de Pierre Palmade se sont rendus à la police après avoir initialement pris la fuite. Les faits, pour cet accident, sont connus et établis. L’enquête est quasiment close.
La seconde enquête porte sur la «détention d’images pédopornographiques». Elle a été déclenchée à la suite d’une dénonciation, officiellement sans avoir entendu le dénonciateur, ce qui est souvent le cas dans ces circonstances.
En France, la détention de telles images, et plus encore leur diffusion, tombe sous le coup de l’article 227-23 du Code Pénal. Il s’agit d’un crime passible de deux à cinq années de prison.
La police a depuis entendu l’auteur de la dénonciation, et perquisitionné les résidences de l’acteur. Cette enquête ne fait que commencer. Deux hommes ont été placés en garde à vue. L’un a été ensuite libéré. L’autre incarcéré. L’existence d’un possible réseau est évidemment au cœur des investigations.
Incarcérer Pierre Palmade changerait quoi?
La question de l’incarcération pour des faits comme ceux reprochés à Pierre Palmade se pose dans trois cas de figure: la nécessité d’isoler le suspect (pour le mettre à l’abri de ses éventuels complices, pour l’empêcher de fuir ou pour l’empêcher de récidiver), la gravité des faits qui lui sont reprochés, ou les nécessités de l’enquête en cours (par exemple dans le cas d’un réseau en cours de démantèlement).
Ce sont ces éléments que la Cour d’appel de Paris, saisie par le parquet à la suite de la décision initiale du juge de laisser le comédien en liberté, doit examiner après son audition des avocats du comédien le vendredi 24 février. Elle rendra son avis ce lundi. Il faut savoir que ce dernier, hospitalisé depuis les faits (et ce week-end victime d’un AVC) est déjà placé sous surveillance à l’hôpital et équipé d’un bracelet électronique.
Une réalité toutefois? La pression populaire et médiatique. Incarcérer Pierre Palmade, sans doute dans un établissement hospitalier pénitentiaire, le protégerait aussi de lui-même et d’une éventuelle tentative de suicide.
Les juges, en France, sont connus pour opter beaucoup plus souvent que la moyenne européenne pour la détention provisoire, plutôt qu’une liberté sous caution par exemple. C’est une des raisons de la surpopulation chronique des maisons d’arrêt. Sept d’entre elles, en France, hébergent le double de la population prévue de détenus.
Dans ce cas précis néanmoins, des familiers des procédures, consultés par Blick, estiment que les accusations de détention d’images pédopornographiques sont sans doute celles qui justifieraient le plus la détention, vue l’existence possible de complices. Le trafic de stupéfiants dont Pierre Palmade était consommateur est aussi un élément aggravant.
Pourquoi Pierre Palmade peut aussi rester en liberté?
La question est mal posée. Car dans tous les cas, cette liberté n’en sera pas une. Le comédien responsable de ce terrible accident, qui vit aujourd’hui une véritable descente aux enfers, ne sera de toute façon pas libre de ses mouvements. Et si une caution lui est demandée, elle sera très élevée. Son passeport lui sera retiré. Il gardera un bracelet électronique et devra sans doute pointer chaque jour au commissariat ou à la gendarmerie. Ceci, dans l’attente de son très probable procès, s’il est renvoyé devant un tribunal à l’issue de l’instruction.
La bonne question est donc de savoir ce que cette liberté très restreinte peut lui permettre de soustraire à la justice. Il y a bien sûr le risque qu’il mette fin à ses jours. Il y a aussi la possibilité de le voir communiquer avec des tiers (à pondérer par le fait que des téléphones portables circulent aussi en prison).
Il y a aussi la possible disparition de preuves cachées, en particulier pour la détention d’images pédopornographiques. Reste enfin l’opinion publique: sur les réseaux sociaux, un Pierre Palmade laissé en liberté serait aussitôt interprété comme la preuve d’une élite artistique protégée par les juges. C’est faux.
La Cour d’appel, saisie par le parquet, doit revoir tous les critères qui, pour l’heure, ont été respectés par le juge qui a prononcé la mise en examen. Mais attention: la seconde enquête a été déclenchée après le 17 février. Or nouvelle affaire, nouvelle donne judiciaire.