La réponse d’Emmanuel Macron aux demandes de l’Ukraine est intervenue ce jeudi 6 juin 2024, au soir des commémorations du débarquement allié en Normandie, voici 80 ans. Cette réponse, fournie durant un entretien télévisé, tient en deux annonces: D'une part, la France fournira bientôt des avions Mirage 2000-5 à l’armée de l’air ukrainienne. D'autre part, l’envoi d’instructeurs pour former au moins une brigade ukrainienne (environ 4 500 hommes) interviendra sous la forme d’une coalition entre pays alliés.
Cette formation devrait avoir lieu dans la partie la plus occidentale de l’Ukraine, mais ses contours n’ont pas été confirmés par le président français qui recevra vendredi le président ukrainien à Paris. Volodymyr Zelensky, présent aux cérémonies du D-Day, s’exprimera vers 17h30 vendredi devant l’Assemblée nationale. Les pays baltes ou encore la Pologne semblent prêts à franchir le pas pour l'envoir d'instructeurs. L'Allemagne est plus beaucoup réticente, craignant des représailles russes. Les États-Unis, pour leur part, ne prévoient pas d'envoyer d'instructeurs militaires. Joe Biden devrait le confirmer lors de sa visite d'État à Paris ce samedi 8 juin.
A lire sur l'Ukraine et la Russie
L’envoi de soldats français sur le sol ukrainien est un sujet qui divise fortement l’opinion, alors que le vote pour les élections européennes a commencé ce 6 mai dans certains pays (dont les Pays-Bas), et que les Français votent dimanche 9 mai. Emmanuel Macron n'a donc pas encore donné toutes les précisions. Il n’a pas donné de date. Mais il a acté la constitution d’une coalition d’instructeurs. «Nous allons former une brigade de 4500 hommes. Nous en avons débattu, a-t-il déclaré. Je n’ai pas de tabous sur le sujet. Le sol ukrainien est souverain. Il ne s'agit pas d’aller former sur la zone de combat, mais au moment où l’Ukraine a un défi, on doit y répondre comme on l'a fait à chaque fois.»
Le chef de l’Etat français a justifié l’envoi probable prochain de formateurs par les nécessités militaires, confirmées par écrit dans une lettre officielle adressée aux gouvernements alliés par le président Zelensky. «Cela aura lieu sur la base d’une décision collective. Nous déciderons en coalition, a-t-il poursuivi. Cette possible formation sera l’œuvre de plusieurs alliés. Je n’ai pas dit que nous allons le faire demain. Pourquoi l’exclurions-nous?»
Dans le cadre probable de l’OTAN
L’annonce d’Emmanuel Macron implique, a priori, une initiative prise dans le cadre de l’OTAN, qui réunira son prochain sommet du 75e anniversaire à Washington à la mi-juillet. Il est aussi probable que la question de l’envoi des instructeurs sera discutée lors du sommet du G7 dans les Pouilles, en Italie, les 14 et 15 juin, à la veille de la conférence de paix du Bürgenstock, organisée par la Suisse. Le locataire de l’Élysée a confirmé sa participation au sommet helvétique, que les autorités russes font tout pour ridiculiser. Une future négociation entre l’Ukraine et la Russie? Elle aura lieu en temps voulu. «La paix doit arriver par le biais d’une négociation, a complété Emmanuel Macron. Le moment ne peut arriver que si l’Ukraine résiste. Si nous n’avions pas fait tout ça pour défendre l’Ukraine, ce pays serait un satellite russe au moment où nous parlons. Nous lui avons permis de tenir. Elle résiste. Elle tient.»
Des instructeurs américains?
La coalition d’instructeurs militaires devrait regrouper plusieurs pays. Incluera-t-elle des soldats américains alors que Joe Biden est en pleine campagne présidentielle? Ou s’agira-t-il d’une initiative européenne? Le président américain sera reçu samedi 8 juin à Paris pour une visite d’État. Le contexte a été redonné par Emmanuel Macron. «La liberté, la démocratie, c’est comme l’Europe, c’est un combat de chaque jour», a-t-il conclu devant les caméras, après avoir répété à plusieurs reprises que la France ne souhaite pas d’escalade dans le conflit, et ne fait pas la guerre à la Russie.
Le président a par ailleurs confirmé l'arrestation à Moscou d'un ressortissant français qui travaille pour le compte d'une organisation suisse (le Centre pour le dialogue humanitaire, basé à Genève): «Un de nos compatriotes a été arrêté en Russie et donc il s’agit, pour être très clair, parce que beaucoup de choses ont été dites par les autorités russes sur son sujet, il s’agit d’un de nos compatriotes qui travaille pour une organisation non gouvernementale suisse qui a été fondée par l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, et qui fait de la diplomatie, des travaux de discussions. En aucun cas ce n’était quelqu’un qui travaillait et qui travaille pour la France.»