Des actes isolés, mais...
J'ai vu des tags antisémites sur les murs à Paris

«Juifs de m....». Ces mots, je les ai vus sur une façade d'immeuble près de la place de la République à Paris. D'autres tags antisémites ont été signalés à la police. La guerre Hamas-Israël déborde bel et bien en France.
Publié: 01.11.2023 à 09:01 heures
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Dernière mise à jour: 01.11.2023 à 16:25 heures
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Des personnes passent devant des étoiles de David taguées sur un mur mardi 31 octobre 2023 à Paris. Le chef de la police de Paris, Laurent Nunez, a qualifié le graffiti d'antisémite et a déclaré que la police enquêtait sur cette affaire
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ils font froid dans le dos. Ils disent le climat incendiaire qui couve à Paris, et sans doute dans la plupart des métropoles françaises où les tensions engendrées par la guerre entre le Hamas et Israël risquent à tout moment de dégénérer. Le temps était gris dans la capitale française ce mardi 31 octobre, mais le graffiti inscrit sur la palissade d’un chantier, à l’est de Paris, se lisait clairement. «Juifs de m…» Trois mots terribles, affreux, qui viennent malheureusement corroborer d’autres graffitis, comme ces étoiles de David peintes sur une façade. Ironie absolue, le graffiti antisémite que j’ai vu en passant, effacé dans l’après-midi, se trouvait sur un chantier boulevard Voltaire, du nom du grand défenseur de la liberté d’expression, incarnation de «l’esprit des lumières» du XVIIIe siècle.

Une partie de la jeunesse propalestinienne

Il faut le dire au moment où les interdictions de manifester pour les Palestiniens poussent à bout une partie de la jeunesse française, qui y voit un soutien inacceptable aux bombardements de l’armée Israélienne sur Gaza. La recrudescence des actes, des slogans, des formulations, des termes antisémites est une réalité en France qu’il n’est pas possible d’ignorer. 819 attaques et insultes antisémites ont été recensées par les forces de l’ordre, selon le ministère de l’Intérieur, depuis l’assaut terroriste du Hamas le 7 octobre. 2.500 signalements d'actes antisémites ont été reçus en France sur la plateforme de signalement Pharos. 414 personnes ont été interpellées. Mais voir des graffitis de ce type en plein Paris, là où eut lieu le 16 juillet 1942 la fameuse rafle du Vélodrome d’Hiver, prélude à la déportation et à l’extermination de milliers de juifs par les nazis, ne peut qu’inquiéter. «Je comprends la peur des juifs français. Elle est légitime. Ils sont environ 500'000 alors que les Français de confession musulmane sont cinq à six millions. On doit comprendre que l’inquiétude monte» confirme à Blick Jean-Louis Bourlanges, le président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, invité sur La chaîne parlementaire.

Une tradition française

L’antisémitisme est malheureusement une tradition française. Longtemps, la droite catholique a conspué les juifs. L’Affaire Dreyfus, à la fin du XIXe siècle, a divisé le pays et la République. La réalité d’aujourd’hui, sur fond de frappes israéliennes meurtrières sur Gaza, ne fait qu’ajouter un autre poison: celui de la haine communautaire. Dans les municipalités où des lieux de culte juifs fonctionnent, la sécurité a été considérablement renforcée. Des patrouilles de la police et de l’armée sont organisées.

«On met des moyens très importants pour protéger les Français de confession juive, les synagogues, les écoles, les lieux que l’on pourrait qualifier de communautaire» a confirmé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Mais l’espace public est déjà, dans certaines villes ou quartiers, contaminé par l’affrontement. Et ce, malgré les appels courageux de plusieurs responsables de la communauté musulmane comme le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz: «Il est anormal qu’un musulman soit antisémite», a-t-il affirmé à BFM TV. «Nous nous battons pour que l’antisémitisme ne passe pas par les moquées françaises.»


Après les étoiles de David peintes sur la façade d'un immeuble parisien, une enquête a été ouverte pour dégradation du bien d'autrui aggravée par la circonstance qu'elle a été commise en raison de l'origine, la race, l'ethnie ou la religion. Ce délit est puni par une peine maximale de quatre ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende.

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