Paris est une fête: vous connaissez la fameuse phrase de l’écrivain américain Ernest Hemingway. Celui-là connaissait bien Paris, ses bars, ses nuits, ses folies. Or voilà que ce jeudi 29 août, tout le monde a envie d’entonner ce refrain. Motif: la réussite des Jeux olympiques et celle, mercredi soir, de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques sur la place de la Concorde. Paris, une fête? Dites-le aux Parisiens qui ont quitté leur ville cet été pour éviter ce qu’ils croyaient être un chaos infernal…
Et revoilà Paris sous ses plus beaux atours: les monuments magnifiés par des images aériennes, une chorégraphie poétique sur la grande scène posée sur la place de la Concorde pour la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, un défilé des athlètes au coucher de soleil sur les Champs-Élysées, que les parisiens continuent de désigner comme «la plus belle avenue du monde».
Quelle revanche! Il y a quelques mois, à juste titre, les nouvelles concernant la capitale française portaient sur sa saleté, le problème de ramassage des déchets, l’insécurité, les rues au bitume défoncé, le manque d’entretien généralisé. Tout cela reste vrai. Mais la magie olympique et paralympique, grâce aux spectacles mis en scène par Thomas Jolly et à la fièvre populaire suscitée par les épreuves sportives, donne l’impression d’avoir tout balayé.
Un spectacle envoûtant
Ville autoproclamée de l'amour, Paris séduit. Difficile de le contester après le flot d’images superbes de la cérémonie de ce mercredi 28 août, achevée par le nouveau décollage de la vasque qui contient la flamme olympique, au-dessus du jardin des Tuileries, entre le palais du Louvre et la place de la Concorde.
Preuve du succès de celle-ci, les places pour s’en approcher durant la journée sont toutes réservées. La foule se presse, en soirée, près de la pyramide du Louvre, pour photographier ce ballon doré lorsqu’il s’aligne entre l’Arc du Carrousel et l’Arc de Triomphe.
Formidable publicité
Les catalogues touristiques et les opérateurs ne pouvaient pas rêver meilleure publicité pour une capitale qui, de toute façon attire toujours chaque année environ 15 millions de visiteurs. Les restaurants, cafés et commerçants empêchés de travailler pendant au moins deux mois avant l’ouverture des JO en raison des restrictions sécuritaires n’ont pas oublié leur été gâché. Mais la mémoire parisienne est courte. C’est la fête que l’on veut retenir aujourd’hui.
Deux millions de billets pour les Jeux paralympiques déjà vendus (après les dix millions des JO) ! Des milliers de volontaires reconnaissables à leur tenue verte, qui guident les visiteurs sur les sites des compétitions installés dans quelques-uns des plus beaux sites de Paris. C’était le choix de ces JO 2024: transformer en stade la capitale française.
Un coût très conséquent
Il a coûté très cher aux riverains. Il a exigé le déploiement, au plus fort des Jeux, de 45 000 policiers, gendarmes et militaires. Il a transformé Paris en oasis de paix et de sécurité, ce que la ville n’est vraiment pas en temps normal. Mais le «miracle olympique» a eu lieu et semble décidé à se poursuivre jusqu’au 7 septembre, date de la première manifestation prévue à l’agenda de la rentrée, à l’appel des syndicats étudiants et d’une partie de la gauche…
La Maison suisse installée à Paris dans l’enceinte de l’ambassade helvétique le prouve: Paris est redevenu «tendance». La ville ne rebute plus. Elle attire. Elle envoûte. Le plaisir est de retour alors que l’inquiétude régnait, même si certains sujets, comme l’accessibilité des transports en commun aux handicapés, où le coût de ceux-ci pendant les jeux (ils devaient être gratuits, or le prix du ticket de métro et de bus a doublé) laisse perplexe en pleine compétition paralympique.
Alors, Paris prête à envoûter le monde? La réponse est oui. Avec une question: que se passera-t-il lorsque tout sera démonté et que Paris olympique sera redevenu le Paris de tous les jours?