En Arabie saoudite, des délégations des Etats-Unis et de la Russie négocient la fin de la guerre en Ukraine. Dans un premier temps, il s'agissait d'instaurer un cessez-le-feu de 30 jours. Les discussions ont finalement mené à une petite victoire: après s'être mis d'accord de ne plus frapper les sites énergétiques, la Russie et l'Ukraine ont annoncé ce mardi 25 mars avoir conclu un accord de trêve en mer Noire.
Jusqu'à présent, le président russe Vladimir Poutine s'est montré très ferme dans les négociations. Accepter de faire des compromis? Plutôt mourir. Il a même intensifié ses attaques au cours de ces derniers jours et est parvenu à rallier le président américain Donald Trump à sa cause, du moins quelquefois. Certes, Poutine a toujours affirmé être ouvert à un accord de paix, mais sa condition était déraisonnable: une capitulation totale de l'Ukraine. Le chef du Kremlin n'a montré aucune disposition à restituer les territoires conquis. Mais Poutine peut-il se permettre de poursuivre cette guerre? Le maître du Kremlin n'est pas sans faiblesses.
Des finances qui explosent
Cette guerre menée depuis maintenant trois ans, et les sanctions qui en ont découlé, ont coûté beaucoup d'argent à la Russie. Selon le ministère russe des Finances, le déficit budgétaire a décuplé en un an pour atteindre 18,6 milliards de dollars en janvier. Contrairement aux affirmations du Kremlin, le taux d'inflation n'est pas d'environ 9%, mais de 20 à 25% selon l'Institute for the Study of War (ISW).
L'ISW part également du principe que le Kremlin fait pression sur la banque centrale russe pour que le taux directeur, actuellement de 21% ne continue pas à grimper en flèche.
Une armée à bout de souffle
Après trois ans de combat, l'armée russe est épuisée. Selon le commandant en chef ukrainien Oleksandr Syrsky, la Russie a perdu près de 10'000 chars depuis le début de l'invasion. Malgré une économie de guerre en ébullition, la Russie ne parvient pas à remplacer tout le matériel perdu.
Selon la chaîne britannique BBC, le nombre de morts côté russe s'élève à 220'000 aujourd'hui. Le recrutement devient de plus en plus difficile et ce sont les prisonniers et les soldats envoyés depuis la Corée du Nord qui doivent prendre le relais.
Un gros manque de main-d'œuvre
Il manque environ 1,5 million de travailleurs en Russie. La raison d'une telle pénurie? Le grand besoin de personnes au ministère de la Défense et dans l'armée, ainsi que la fuite de 700'000 à 900'000 Russes à l'étranger. Les promesses de salaires élevés faites aux soldats font en outre grimper les coûts salariaux dans le secteur privé.
Un gouvernement qui s'effrite
La pression exercée par Vladimir Poutine sur la banque centrale a conduit, selon l'ISW, à un conflit avec sa cheffe, Elvira Nabiullina. Mais la discorde règne également à d'autres niveaux.
«Le cours guerrier de Poutine est impopulaire auprès de nombreux membres du gouvernement russe, explique Ulrich Schmid, expert de la Russie à l'Université de Saint-Gall. Les ambitions guerrières de Poutine restent très impopulaires auprès de plusieurs membres du gouvernement russe. Certains y voient un projet personnel du président auquel on ne peut pas s'opposer ouvertement, mais qu'il faut néanmoins clore le plus vite possible.»
Le seuil de douleur atteint
Toujours selon Ulrich Schmid, Poutine se trouve désormais dans un dilemme: d'un côté, il ne peut assumer l'énorme charge financière de la guerre qu'à moyen terme. D'autre part, il se serait mis lui-même sous pression en annexant les quatre régions ukrainiennes de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson. «A contrario, il voit bien que sa propre crédibilité politique est en jeu s'il accepte un cessez-le-feu global», poursuit l'expert.
L'épuisement de son peuple et de ses équipes pourrait donc le contraindre à accepter plusieurs compris. «L'économie russe est certes plus résistante aux sanctions que ne le croyaient la plupart des économistes. Néanmoins, un seuil de douleur est désormais atteint. C'est là-dessus qu'il faut miser: la Russie doit être mise davantage sous pression économique, pour que l'étau se resserre.»
Donald Trump a déjà indiqué comment il entendait s'attaquer au talon d'Achille de Poutine: les droits de douane. Sur son réseau Truth Social, il a écrit début mars que de telles mesures seraient envisagées jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu et un «accord de paix définitif» soient atteints.