Faveur, automatisme ou maladresse?
L'évêque de Bâle promeut un chanoine qui enquêtait sur des cas d'abus

L'évêque de Bâle Félix Gmür fait à nouveau parler de lui: il a promu un chanoine qui avait auparavant enquêté de manière douteuse sur un cas d'abus sexuel.
Publié: 25.08.2024 à 10:28 heures
L'évêque Felix Gmür semble aller de maladresses en maladresses.
Photo: keystone-sda.ch
otto_hostettler.jpg
Otto Hostettler

Le scandale a valu à l'évêque de Bâle Felix Gmür une réprimande du Vatican: dans le cadre d'une affaire d'abus sexuels sur une mineure par un prêtre, il ne lui a pas semblé nécessaire d'avertir Rome alors qu'il en avait l'obligation. Plus encore: il avait envoyé des documents personnels de la victime, notamment les notes de son journal intime datant de l'époque des abus, à l'auteur présumé des faits.

L'homme d'église s'était excusé plus tard pour son comportement. Pour l'homme qui était chargé d'enquêter, l'affaire n'a eu aucune conséquence. Bien au contraire d'ailleurs, puisque l'évêque Gmür a décidé de le promouvoir de chanoine à chanoine honoraire, dès le moment de sa retraite.

Automatisme ou promotion?

Le «Beobachter» a voulu faire la lumière sur cette affaire. Il a voulu savoir si l'évêque avait planifié cette promotion au moment de l'enquête sur les abus. 

Felix Gmür fait savoir par l'intermédiaire d'une porte-parole que dans le diocèse de Bâle, «jusqu'à présent, il était d'usage que les chanoines en fonction deviennent automatiquement chanoines honoraires après leur démission». Cet automatisme n'a «rien à voir avec une promotion», indique-t-il. 

Pour la victime, le nouveau titre du fonctionnaire ecclésiastique est un affront: «C'est une gifle. Quelqu'un se voit décerner un titre honorifique alors qu'il est prouvé qu'il a commis des erreurs de procédure grossières, voire dilettantes», déclare Denise Nussbaumer* au «Beobachter».

Denise Nussbaumer* a dû subir pendant plusieurs années les abus sexuels d'un prêtre nigérian, selon l'enquête du «Beobachter». Le prêtre avait assuré des représentations en Suisse dans les années 1990. Au moment des abus, la victime avait initialement 14 ans. Ce n'est qu'à l'âge adulte qu'elle a libéré sa parole et qu'elle a fini par se manifester auprès de l'évêché en 2019.

Alors que l'évêque Gmür n'a même pas ouvert de procédure pénale de droit canonique, elle a finalement reçu de la commission de réparation morale de la conférence épiscopale une indemnité de 15'000 francs.

*Nom d'emprunt

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la