Dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, des blessés sont soignés sur le parking d'un hôpital et sur des civières ensanglantées. Des habitants affluent pour donner leur sang, après l'explosion des bipeurs des membres du groupe pro-iranien. Les centaines d'explosions simultanées de ces appareils de messagerie, mardi après-midi dans plusieurs places fortes du Hezbollah, ont provoqué des scènes de chaos à travers le Liban.
«De ma vie, je n'ai jamais vu ça», dit à l'AFP Moussa, un habitant de la banlieue sud, qui a demandé à être identifié uniquement par son prénom. «Ma femme et moi allions chez le médecin, et ça a explosé d'un coup (...) j'ai trouvé devant moi des gens allongés par terre», raconte-t-il. «Les gens ne savaient pas ce qui se passait.» Dans la soirée de mardi, le ministère libanais de la Santé a déclaré que neuf personnes avaient été tuées et quelque 2800 autres blessées. Le Hezbollah a accusé Israël d'être «entièrement responsable» des explosions.
Soigner sur un parking
Dans un hôpital de la banlieue sud de Beyrouth, un correspondant de l'AFP a vu des blessés soignés sur un parking, sur des matelas posés à même le sol et des civières couvertes de sang. Devant un autre hôpital, un blessé est soigné dans une voiture. Dans l'établissement, un correspondant de l'AFP a vu un homme blessé au visage, à l'œil et à la main, et un autre à la hanche.
Des images de personnes ensanglantées, certains ayant perdu leurs doigts, circulaient sur les réseaux sociaux. Sous des tentes installées à la hâte sous un pont dans la banlieue sud de Beyrouth, des centaines de personnes se rassemblaient pour donner du sang, au milieu des sirènes d'ambulances.
A lire sur les explosions
Un témoin a déclaré à l'AFP avoir vu un membre du Hezbollah qu'il connaissait recevoir des messages sur son bipeur, avant que l'appareil n'explose. Ailleurs dans le quartier commerçant de Hamra, des dizaines de personnes sont rassemblées devant l'entrée de l'un des principaux hôpitaux de la capitale, au milieu des va-et-vient incessants des ambulances.
À l'extérieur du service des urgences du Centre médical de l'Université américaine de Beyrouth (AUBMC), des hommes et des femmes, certaines en tchadors noirs, tentent d'obtenir des nouvelles des blessés dans une atmosphère de chaos.
Cris de colère
Certains pleurent, d'autres poussent des cris de colère. Une personne au téléphone informe une femme qu'un de ses proches a perdu une main et est blessé à la hanche.
Les sirènes retentissent dans toute la ville alors que des ambulances se succèdent, de la Défense civile ou de la Croix-Rouge libanaise, mais aussi d'autres services d'urgence, y compris les secouristes affiliés au mouvement Amal, allié du Hezbollah. Des soldats et des civils essaient de faciliter le passage des véhicules, tandis que des secouristes vêtus de gilets fluorescents guident les ambulances dans les rues embouteillées de la capitale.
Dans le sud du Liban, un correspondant de l'AFP a vu des dizaines d'ambulances circulant entre les villes de Tyr et de Saïda dans les deux sens, les hôpitaux des deux villes étant submergés. Un correspondant de l'AFP dans l'est du Liban a indiqué qu'un grand nombre de personnes avaient été blessées dans des incidents similaires dans la vallée de la Békaa.