Environ 260 soldats ukrainiens ont été évacués de l'aciérie Azov à Marioupol en début de semaine. Leur sort est encore incertain, puisqu'évacué, dans la ville de Marioupol sous contrôle russe, signifie aussi être prisonnier de l'ennemi. La Russie a promis d'apporter une aide médicale aux blessés dans un premier temps.
La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Anna Malyar, a déclaré que 53 blessés graves avaient été transportés, sous la direction de l'armée russe, dans un hôpital de Novoazovsk. Les 211 autres soldats ont été transportés dans la ville d'Olenivka. Les deux localités se trouvent dans le territoire des combattants de la «République populaire de Donetsk».
Retour à la maison - ou peine de mort?
À lire aussi
Anna Malyar croit en un échange de prisonniers, comme cela s'est déjà produit à plusieurs reprises depuis le début de la guerre. Mais celui-ci s'annonce plus difficile.
En effet, le ton était tout différent du côté du ministère russe de la Défense: «Au cours des dernières 24 heures, 265 combattants, dont 51 grièvement blessés, ont déposé leurs armes et se sont rendus prisonniers». Les «évacués» des uns sont les «prisonniers» des autres.
Et en Russie, certains ne rigolent pas avec les prisonniers de guerre. La Russie devrait envisager la peine de mort pour «ces combattants nationalistes», déclare Leonid Slutski, négociateur russe qui a notamment pris part aux pourparlers avec l'Ukraine.
Des poursuites judiciaires pour les combattants d'Azov?
«Ils ne méritent pas de vivre au vu des crimes monstrueux contre les droits de l'homme qu'ils ont commis et qu'ils continuent de commettre sur nos prisonniers», poursuit Leonid Slutski.
Le chef du parlement russe, Viatcheslav Volodine, s'est lui aussi insurgé contre un «échange généralisé de prisonniers» après la capture des combattants ukrainiens. Il qualifie les combattants ukrainiens de «criminels nazis». Ils devraient être traduits en justice.
Parmi les combattants libérés de l'aciérie, on trouve en effet des soldats du régiment Azov, véritable bête noire du gouvernement russe et cible de sa propagande de «dénazification de l'Ukraine». Il se compose d'environ 2000 hommes, bien qu'on ne sache pas combien de combattants ont survécu. Le régiment fait partie de la garde nationale ukrainienne et dépend donc du ministère de l'Intérieur. Une partie de ses membres ont des convictions ultranationalistes ou d'extrême-droite, ce qui a régulièrement suscité des critiques au niveau international. Selon la partie ukrainienne, l'unité serait toutefois «désidéologisée». La Russie voit les choses différemment.
Selon l'agence de presse Interfax, le parquet général russe a demandé à la Cour suprême de classer le régiment Azov comme groupe terroriste. L'audience à ce sujet devrait avoir lieu le 29 mai.
Poutine veut agir selon les «normes internationales»
A en croire Vladimir Poutine toutefois, les soldats ukrainiens capturés sont en sécurité pour le moment. Le bureau présidentiel russe a assuré que les combattants seraient traités selon les «normes internationales», selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, qui affirme tenir l'information de Poutine lui-même.
La partie ukrainienne évoque de son côté les autres défenseurs qui se trouvent encore sur le territoire d'Azovstal. Il s'agirait également de les «sauver». Selon la vice-ministre de la Défense Anna Malyar, des négociations sont en cours à ce sujet. Ils pourraient être échangés contre des prisonniers de guerre russes.
(Adaptation par Jocelyn Daloz)