Des milliers de soldats supplémentaires, une artillerie ultramoderne et une frontière deux fois plus longue avec la Russie... Si la Suède et la Finlande adhèrent à l'OTAN (ce qui n'est pas encore gagné étant donné les réticences turques), la conjoncture et les enjeux du conflit vont passablement changer.
Et si l'organisation militaire internationale tient autant à ce que les deux pays nordiques rejoignent le navire, ce n'est pas seulement pour leur proximité géographique avec la Russie. Ces dernières années, ils se sont de fait massivement réarmés – par crainte d'une éventuelle attaque russe. «Nous savons comment défendre notre pays», appuie Kai Sauer, du ministère finlandais des Affaires étrangères, dans les colonnes du quotidien «Frankfurter Allgemeine Zeitung».
Des armes ultramodernes
Selon le magazine spécialisé «Military Balance», les Finlandais disposent à eux seuls de 672 systèmes d'artillerie. Parmi ceux-ci, l'on trouve des chars de combat ultramodernes de type Leopard 2A6, et des lance-roquettes de type M270. Ces deux systèmes étant à la pointe de la technologie.
La Suède dispose quant à elle d'une marine très bien équipée. Les cinq bateaux furtifs de la classe Visby en sont les vaisseaux amiraux. Leur développement a duré plus de dix ans. La proue de ces bateaux est constituée de fibres de carbone spéciales: cela rend les navires pratiquement invisibles sur les radars adverses. Équipés de torpilles lourdes, ils sont actuellement utilisés pour défendre les côtes suédoises.
La Suède possède en outre cinq sous-marins, onze navires de débarquement, sept poseurs de mines et quinze autres navires pour la logistique. En cas d'adhésion à l'OTAN, la marine de l'alliance serait donc massivement renforcée.
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Des milliers de soldats en réserve
La Finlande et la Suède disposent en outre d'une puissante armée de l'air. La Suède possède 96 avions de combat Gripen. En outre, le fabricant d'armes Saab y a son siège. De son côté, la Finlande a récemment commandé 64 avions de combat de type F35. Ils sont considérés comme les avions de combat les plus modernes du monde.
Les deux pays ne comptent que peu de soldats actifs: 23'800 personnes servent actuellement en Finlande, 14'600 en Suède. Toutefois, le service militaire obligatoire est toujours en vigueur en Finlande. Si une situation d'urgence devait effectivement se produire, la Finlande pourrait donc mobiliser jusqu'à 900'000 soldats.
Une demande probablement sous peu
En outre, les services secrets finlandais auraient pu acquérir de nombreuses données sur la Russie au cours des dernières années. Celles-ci seraient évidemment plus que précieuses pour l'OTAN.
Si les deux pays devaient adhérer à l'OTAN, la position stratégique et la sécurité des États baltes en seraient notamment renforcées. Car, jusqu'à présent, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie n'avaient, en termes de pays membres de l'alliance, de liens terrestres qu'avec la Pologne. Via un couloir lui-même encastré entre l'enclave russe de Kaliningrad et la Biélorussie, alliée de Moscou.
L'adhésion de la Finlande et de la Suède permettrait donc aux pays baltes d'être dans une position de plus grande proximité avec deux autres membres, par voie maritime.
Mardi, le Parlement finlandais a voté le oui à l'OTAN à plus de 95%., la Suède lui emboîtant le pas. Les deux candidatures seront soumises à l'OTAN conjointement mercredi. Qui a peur de la réaction russe?
(Adaptation par Daniella Gorbunova)