Guerre en Ukraine
La Suisse expulserait des espions russes en toute discrétion

Alors que la France et l'Allemagne ont expulsé des diplomates russes à tour de bras, la Suisse s'est jusque-là montrée discrète sur ce sujet. Pourtant, certaines sources du Parlement affirment que la Confédération procéderait à des expulsions loin des projecteurs.
Publié: 18.05.2022 à 06:14 heures
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Dernière mise à jour: 18.05.2022 à 06:29 heures
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La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a renvoyé 40 diplomates russes, en médiatisant cette mesure. D'autres pays ont suivi son exemple.
Photo: Keystone
Daniel Ballmer

Depuis le début du conflit en Ukraine, beaucoup de pays occidentaux ont expulsé en masse des diplomates et espions russes de leur territoire. Jusque-là, la Suisse était restée plutôt discrète sur ce dossier, ce qui a valu des critiques au président de la Confédération, Ignazio Cassis.

Notre pays serait toutefois gentiment passé à l’action. En coulisses, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) procéderait à des renvois de manière moins médiatisée que ses voisins européens comme la France et l’Allemagne. Une démarche qui viserait à éviter de mettre en danger d’éventuels services de médiation avec la Russie.

Une procédure gardée secrète

D’après le service de renseignement national, environ un tiers des 221 diplomates russes en poste dans notre pays seraient des espions. En temps normal, si l’un d’entre eux est soupçonné de menacer la sécurité intérieure de la Suisse, le DFAE s’adresse directement à l’ambassade pour le renvoyer chez lui. Cela se produit en général discrètement, comme le rapportent certaines sources.

Officiellement, le DFAE n’a ni confirmé, ni infirmé cette information concernant les agents de Moscou. Le nombre de membres de l’ambassade russe qui ont dû quitter le pays depuis le début de la guerre en Ukraine reste également secret.

Tant qu’ils n’enfreignent pas la loi, «on ferme les yeux»

Les politiciens rattachés aux affaires étrangères au Parlement seraient au courant de la procédure utilisée. «La Suisse procède simplement de manière plus subtile. Mais nous ne voulons pas non plus que des espions restent ici», rapporte l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. Ils ne peuvent pas s’exprimer publiquement à ce sujet car le secret de la commission s’applique. La démarche diplomatique est en accord avec la neutralité de la Suisse, estime une autre source.

Malgré la nouveauté du conflit russo-ukrainien, la présence d’espions étrangers n’est pas inédite en Suisse. Dans la Genève internationale, les agents secrets pullulent, et ils sont originaires du monde entier. Ces derniers sont souvent connus, dit-on, dans les milieux diplomatiques. Mais tant qu’ils n’enfreignent pas la loi, «la loi tacite veut que l’on ferme les yeux».

«On ne veut pas se mettre la Russie à dos»

L’expulsion de diplomates russes, décidée à l’échelle européenne, est avant tout un signal politique. Le personnel travaillant pour les services de renseignement n’est de loin pas le seul concerné. Ce n’est pas parce que le Conseil fédéral ne veut pas envoyer ce signal «que c’est un signe de faiblesse».

Au Parlement, les avis sont parfois plus critiques. Le gouvernement veut «éviter à tout prix que la Russie perde la face», estime un autre spécialiste des affaires étrangères: «Au DFAE, on est toujours accroché au rêve d’un grand sommet de la paix en Suisse et on ne veut donc pas se mettre la Russie à dos.»

(Adaptation par Louise Maksimovic)

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