Ce programme sur quatre semaines s'inscrit dans le cadre d'une collaboration avec l'opérateur jurassien de mini-laboratoires automatisés SpacePharma.
«Nous étions déjà intéressés depuis des années à mener ce type de projet suite à des discussions avec des professeurs d'université à Zurich qui menaient déjà des travaux dans l'espace et la rencontre avec SpacePharma nous a permis de saisir cette opportunité», explique en entretien avec AWP le responsable de l'innovation chez Cutiss, Vincent Ronfard.
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«Plus de temps dans l'espace que sur terre»
La jeune pousse, émanation en 2017 de l'Université et du Kinderspital zurichois, compte profiter de cette mission d'étudier l'impact de la microgravité et les radiations notamment sur les cellules dermiques et la culture de tissus. «La cicatrisation des plaies par exemple nécessite plus de temps dans l'espace que sur terre», explique le biologiste cellulaire français.
Mais l'opération doit aussi permettre à l'entreprise de développer de nouveaux concepts pour ses expérimentations à venir. «Le laboratoire de SpacePharma est entièrement automatisé et dans l'espace, nous ne pouvons agir sur l'expérience de recherche autrement qu'en appuyant sur un bouton pour prendre certaines décisions préprogrammées», illustre le responsable. Le défi de la mission réside ainsi dans une planification minutieuse de chaque étape.
La réplication sur terre des mêmes procédés permettra de déceler les différences dans l'expression des gènes ou la production de protéines par exemple en fonction des différentes conditions environnementales.
La société désormais établie dans le Bio-Technopark de Schlieren n'a pas attendu les conclusions de ce premier programme spatial pour se projeter vers de nouveaux lancements, ayant déjà noué des contacts avec d'autres sociétés spatiales, comme avec des scientifiques aux Etats-Unis intéressés à collaborer à ses projets.
Trois mois de traitement
«La question du financement d'un éventuel projet spatial de longue haleine devra néanmoins attendre les résultats de ce galop d'essai, qui pourraient constituer une preuve de concept susceptible d'attirer de nouveaux fonds,» a souligné la directrice générale (CEO) Daniela Marino. L'analyse des données récoltées doit nécessiter trois mois de traitement à compter du retour de la mission, prévue sur quatre semaines.
Dans l'intervalle, Cutiss prévoit de livrer prochainement des conclusions intermédiaires sur son programme de phase II évaluant son substitut cutané personnalisé et bio-ingénié Denovoskin sur des grands brûlés adultes et adolescents. «Nous étudierons alors les prochaines voies cliniques à notre disposition, qui pourraient inclure un essai de phase III», précise la responsable.
Produit phare de l'incubateur et obtenu à partir d'une biopsie, le Denovoskin doit améliorer la prise en charge des grands brûlés - qui se limite pour l'heure à l'autogreffe - et fait aussi l'objet d'études dans le domaine de la médecine reconstructive, tant chez l'adulte que chez l'enfant. Fondée en 2017, Cutiss a jusqu'ici levé quelque 65 millions de francs auprès d'investisseurs privés, de gestionnaires de patrimoine et d'entités publiques.
(ATS)