Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé dimanche les forces rwandaises à se retirer du territoire de la République démocratique du Congo et à cesser leur soutien au groupe antigouvernemental M23 engagé dans des combats contre l'armée congolaise.
Antonio Guterres, qui n'avait jusqu'à présent pas aussi clairement dénoncé Kigali, est «profondément préoccupé par l'escalade de la violence» et appelle «les forces rwandaises à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC», selon un communiqué de son porte-parole.
Des combats intenses aux portes de la grande ville de Goma ont repris dimanche dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), entre l'armée congolaise et le groupe antigouvernemental du M23. Cette milice est soutenue par le Rwanda et son armée. Le Conseil de Sécurité de l'ONU tient une réunion en urgence dans la journée après l'intensification des combats qui fait craindre un embrasement régional.
Kinshasa accuse le Rwanda d'avoir envoyé de nouvelles troupes
La ministre congolaise des Affaires étrangères a accusé dimanche à l'ONU le Rwanda d'avoir fait passer de nouvelles troupes à l'est de la République démocratique du Congo (RDC). «Alors que je me tiens devant vous, une attaque d'une gravité inouïe se déroule sous les yeux du monde. De nouvelles troupes rwandaises ont franchi les bornes 12 et 13 du poste frontalier séparant Goma (en RDC) de Gisenyi (au Rwanda), pénétrant sur notre territoire en plein jour dans une violation ouverte et délibérée de notre souveraineté nationale», a déclaré la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
«Une déclaration de guerre»
Selon elle, «c'est une agression frontale, une déclaration de guerre qui ne se cache plus derrière des artifices diplomatiques». La ministre congolaise des Affaires étrangères a demandé dimanche au Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer des sanctions politiques et économiques contre le Rwanda, accusé de soutenir le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo.
«Le Conseil de sécurité doit imposer des sanctions ciblées incluant le gel des avoirs et l'interdiction de voyager, non seulement contre les membres identifiés de la chaîne de commandement des forces armées rwandaises, mais aussi contre les décideurs politiques responsables de cette agression», a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner, réclamant également un «embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais, en particulier le coltan et l'or».
Les Etats-Unis condamnent à l'ONU les attaques du Rwanda et du M23
Les Etats-Unis «condamnent» eux-aussi l'offensive du Rwanda et du groupe armé M23 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré dimanche leur représentante à l'ONU, prévenant que Washington utiliserait «tous les outils» disponibles contre ceux qui alimentent le conflit. «Nous condamnons dans les termes les plus forts les hostilités du Rwanda et du M23 à Goma et les attaques contre Sake», non loin, a déclaré Dorothy Shea, ambassadrice par intérim, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
Après l'échec d'une médiation RDC-Rwanda sous l'égide de l'Angola, le M23 et 3000 à 4000 soldats rwandais, selon l'ONU, ont rapidement gagné du terrain dans l'est de la RDC ces dernières semaines. Ils encerclent désormais la capitale de la province du Nord-Kivu, Goma, qui compte un million d'habitants et presque autant de déplacés.
«Nous appelons d'urgence à un cessez-le-feu»
Des combats se déroulent dimanche à une poignée de kilomètres de la ville, selon des sources sécuritaires concordantes. «Nous appelons d'urgence à un cessez-le-feu», a ajouté l'ambassadrice américaine lors de la première déclaration sur ce dossier d'un représentant de l'administration de Donald Trump.
«L'utilisation par le Rwanda d'armements et de systèmes sophistiqués», notamment le blocage des signaux GPS, «interfère avec la réponse humanitaire, met en danger la mission de maintien de la paix de l'ONU et ceux qui fuient la violence», a-t-elle ajouté. «Ces actions doivent cesser immédiatement».
Elle a également dénoncé l'utilisation «indiscriminée» des tirs d'artillerie, appelant les dirigeants congolais, rwandais, et du M23, à «donner des ordres clairs de ne pas prendre les civils pour cible». Tous les acteurs doivent respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de la RDC et mettre fin à toute forme de soutien aux groupes armés, qu'ils soient congolais ou étrangers», a-t-elle ajouté. «Les Etats-Unis envisageront tous les outils à leur disposition pour que les responsables de la poursuite du conflit armé, de l'instabilité et de l'insécurité en RDC, rendent des comptes», a-t-elle prévenu.