«Les unités Wagner ont pris toute la partie orientale de Bakhmout, tout ce qui est à l'est de la rivière Bakhmoutka», a indiqué Evguéni Prigojine, dans un message audio publié par son service de presse. Ces derniers jours, la pression s'est considérablement accrue sur les forces ukrainiennes défendant Bakhmout, confrontées à des avancées russes et la menace d'un encerclement.
Dans son dernier compte-rendu, publié mardi, l'Institut pour l'Etude de la Guerre (ISW), un groupe d'experts américain, a indiqué que les troupes du Kremlin avaient «vraisemblablement» capturé la partie orientale de la ville après un «retrait contrôlé» des forces ukrainiennes de cette zone. Dans une interview à CNN, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a toutefois assuré que ses troupes étaient résolues à tenir la ville.
«Nous ne devons pas sous-estimer la Russie»
Alors que les forces ukrainiennes défendant la ville sont menacées d'encerclement, le patron de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a dit ne pas «exclure que Bakhmout tombe finalement dans les prochains jours».
«Cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant de la guerre», a-t-il affirmé devant la presse: «Mais cela souligne que nous ne devons pas sous-estimer la Russie. Nous devons continuer à soutenir l'Ukraine».
Après Bakhmout, les Russes «pourraient aller plus loin. Ils pourraient aller à Kramatorsk, ils pourraient aller à Sloviansk, la voie serait libre» pour eux «vers d'autres villes d'Ukraine», déclaré le président Zelensky. Si la valeur stratégique de Bakhmout est contestée, la ville a gagné une importance symbolique et tactique, au vu des lourdes pertes subies par les deux camps. Malgré la défense acharnée des Ukrainiens depuis le début de la bataille pour Bakhmout, en août, la Russie s'est jurée de conquérir la ville. Il s'agit de la bataille la plus longue et la plus meurtrière depuis le déclenchement de l'offensive russe en février 2022.
Les discussions vont bon train à Stockholm
Réunis à Stockholm avec leur homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, les 27 ministres de la Défense de l'UE peaufinent dans ce contexte un plan d'urgence pour livrer d'ici quelques semaines des obus à Kiev, alors que les stocks européens sont eux-mêmes sous pression.
Le projet vise à la fois à répondre aux besoins immédiats de Kiev, qui en tire des milliers chaque jour et fait face à un manque criant d'obus de 155mm pour ses canons, et à doper les capacités de l'industrie de défense européenne à long terme.
De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a rencontré Volodymyr Zelensky à Kiev, un déplacement dédié à la prolongation de l'accord avec la Russie sur les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire.
«Je tiens à souligner l'importance capitale de la prolongation» de l'accord céréalier, a dit M. Guterres devant la presse après sa rencontre. Selon lui, l'accord a permis l'exportation de 23 millions de tonnes de céréales ukrainiennes, contribuant «à faire baisser le coût mondial des denrées alimentaires», au bénéfice en particulier des pays en développement.
Le sabotage des gazoducs Nord Stream également abordé
Par ailleurs, en marge de la réunion de Stockholm, Oleksiï Reznikov a récusé les informations du quotidien américain New York Times, attribuant à «un groupe pro-ukrainien» le spectaculaire sabotage des deux gazoducs Nord Stream en mer Baltique en septembre.
Le Kremlin, qui accuse les Occidentaux du sabotage, a aussi rejeté ces informations, y voyant d'une tentative de «détourner l'attention» des responsables.
Enfin, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a estimé que la vidéo, devenue virale, d'un soldat ukrainien prisonnier apparemment exécuté par balles après avoir clamé «Gloire à l'Ukraine», «semble authentique». Cette vidéo est «choquante» et «les lois de la guerre doivent être strictement respectées», a réagi M. Guterres.
(ATS/AFP)