En visite en Cisjordanie occupée pour la première fois depuis le début de la guerre le 7 octobre dernier, le secrétaire d'Etat américain a mis en garde contre le «déplacement forcé» des civils palestiniens à l'intérieur de la bande de Gaza, où Israël poursuit son offensive déclenchée en représailles à l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien sur son sol.
10'000 morts dont la moitié d'enfants dans la bande de Gaza
Israël appelle depuis la mi-octobre les civils à évacuer le nord du territoire, où les combats sont les plus intenses, vers le sud. Dimanche, l'armée israélienne a une nouvelle fois dispersé dans le ciel de Gaza des messages en ce sens.
Alors que les bombardements israéliens ont fait désormais, selon le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, près de 10'000 morts dont la moitié d'enfants, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a dénoncé lors de sa rencontre à Ramallah avec Antony Blinken «la guerre de génocide» menée selon lui par Israël à Gaza.
Israël, qui a juré «d'anéantir» le Hamas, pilonne depuis sans répit le petit territoire assiégé où vivent 2,4 millions d'habitants dans une situation humanitaire catastrophique. L'armée israélienne y mène en parallèle depuis le 27 octobre des opérations terrestres de plus en plus profondes face à des combattants du Hamas retranchés dans un réseau de tunnels.
Création «d'un couloir maritime» pour venir en aide
Selon son porte-parole, le secrétaire d'Etat a réaffirmé dimanche «l'engagement des États-Unis pour la livraison d'une aide humanitaire vitale et la reprise des services essentiels à Gaza».
A Chypre, Antony Blinken a ensuite rencontré le président Nikos Christodoulides pour discuter, selon la présidence chypriote, de la création «d'un couloir maritime», proposé par l'île de Méditerranée orientale afin de fournir une assistance humanitaire à Gaza.
Antony Blinken a aussi réclamé l'arrêt «des violences des extrémistes» en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les violences qui ont redoublé depuis le début de la guerre font craindre une extension du conflit. Plus de 150 Palestiniens, selon l'Autorité palestinienne, y ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre.
L'Autorité palestinienne n'exerce plus aucun contrôle sur la bande de Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Et Mahmoud Abbas a lié dimanche son retour à Gaza à l'issue de la guerre, évoqué par Washington, à un «règlement politique» qui engloberait aussi la Cisjordanie et Jérusalem-Est occupées.
«Cette frappe était comme un tremblement de terre»
Dimanche, malgré de multiples appels à une trêve, des combats acharnés se sont poursuivis entre les soldats israéliens et le Hamas dans la bande de Gaza, où Israël affirme avoir frappé 2500 cibles depuis le début des opérations au sol.
Des images diffusées par l'armée israélienne ont montré des soldats, accompagnés de chars et de bulldozers, patrouillant dans les décombres ou le long du littoral méditerranéen de la bande de Gaza.
Israël a annoncé avoir «intensifié» ses opérations après avoir encerclé jeudi la ville de Gaza, dans le nord, afin d'y détruire le «centre» du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
«Cette frappe était comme un tremblement de terre», a raconté un habitant de la ville de Gaza, Alaa Abu Hasera, en fouillant les ruines après avoir survécu à un bombardement.
Demande d'une trêve humanitaire
Les pays arabes alliés des Etats-Unis ont réclamé samedi un cessez-le-feu, tandis que Washington privilégie des «pauses» pour acheminer l'aide humanitaire. La France a appelé dimanche à une «trêve humanitaire immédiate».
Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'oppose à toute pause dans la guerre tant que les plus de 240 otages enlevés et détenus par le Hamas depuis le 7 octobre n'auront pas été libérés.
Dans la nuit, un bombardement a fait 45 morts, selon le Hamas, en majorité des femmes et des enfants, dans le camp de réfugiés de Maghazi.
Samedi, un autre bombardement a fait 15 morts, d'après le Hamas, dans une école de l'ONU où s'abritaient des déplacés, dans le camp de réfugiés de Jabaliya, frappé plusieurs fois ces derniers jours.
Au moins 29 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'opération terrestre, d'après l'armée, et le ministre de la Défense Yoav Gallant a fait état de «combats difficiles», jurant de «trouver» et d'"éliminer» Yahya Sinouar, chef du Hamas dans la bande de Gaza.
Déplacement d'1,5 million de personnes
En quatre semaines, les bombardements israéliens ont provoqué d'immenses destructions à Gaza et entraîné, selon l'ONU, le déplacement d'1,5 million de personnes.
Israël a placé depuis le 9 octobre ce territoire pauvre, très densément peuplé, de 362 kilomètres carrés en état de «siège complet», coupant les livraisons en eau, en électricité et en nourriture. La bande de Gaza était déjà soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis 2007.
D'après un responsable américain, 350'000 à 400'000 personnes se trouveraient encore dans le nord tandis que des centaines de milliers d'autres sont massées dans le sud, près de la frontière avec l'Egypte.
Cette frontière s'est ouverte partiellement depuis le 21 octobre pour laisser transiter des convois humanitaires. Au total, 450 camions avaient traversé la frontière samedi, selon l'ONU, qui réclame une aide plus massive. Plusieurs centaines de blessés palestiniens, d'étrangers et de binationaux ont également pu quitter Gaza vers l'Egypte.
Echange de tirs entre Israël et Hezbollah
Les tensions sont très vives aussi dans le nord d'Israël, à la frontière avec le sud du Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le mouvement pro-iranien Hezbollah, allié du Hamas.
Depuis le 7 octobre, 76 personnes ont péri du côté libanais, selon un décompte de l'AFP, dont 58 combattants du Hezbollah. Six soldats et un civil ont été tués du côté israélien.
Antony Blinken est encore attendu dimanche soir en Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré rompre tout contact avec Benjamin Netanyahu pour protester contre l'offensive israélienne à Gaza.
(ATS)