Israël a annoncé dimanche que son armée avait vidé de leurs habitants trois camps de réfugiés palestiniens du nord de la Cisjordanie, où elle mène une vaste opération militaire depuis un mois, et que ses soldats avaient pour ordre d'empêcher leur retour chez eux.
Baptisée «Mur de Fer», cette opération a été lancée le 21 janvier, 48 heures après l'entrée en vigueur d'un fragile cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas. Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.
«Quarante mille Palestiniens ont déjà été évacués des camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem et Nour Chams, et ces camps sont désormais vides de leurs habitants», a déclaré le ministre de la Défense israélien Israël Katz dans un communiqué.
«J'ai donné pour instruction (aux soldats) de se préparer à un séjour prolongé dans les camps qui ont été évacués, pour l'année à venir, et de ne pas permettre le retour de leurs habitants ni la résurgence du terrorisme», a-t-il affirmé.
Des chars à Jénine
Depuis son déclenchement, l'opération a fait au moins 40 morts et 40'000 déplacés dans le nord de la Cisjordanie, selon l'ONU.
Dimanche, l'armée a annoncé le déploiement d'une unité de chars à Jénine, et qu'elle allait étendre encore ses opérations dans le nord de la Cisjordanie. C'est la première fois que des chars sont déployés dans ce territoire palestinien depuis la fin de la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien de 2000-2005.
«Des forces de la brigade (d'infanterie) Nahal, de l'unité (d'élite) Douvdevan et une unité de chars vont opérer dans d'autres villages» du nord de la Cisjordanie, indique un communiqué du ministère, ajoutant que «les forces armées poursuivent leurs opérations dans la région de Jénine et dans celle de Tulkarem».
Ces déclarations interviennent deux jours après la visite, inédite, du premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, aux troupes israéliennes en opérations dans le camp de réfugiés de Tulkarem.
«Bastions terroristes»
«Nous pénétrons dans les bastions terroristes, nous détruisons des rues entières que les terroristes empruntent, ainsi que leurs maisons. Nous éliminons les terroristes, les commandants», avait déclaré Netanyahu. Il avait aussi annoncé que l'armée allait y intensifier ses opérations après des attaques jeudi soir contre des bus dans le centre d'Israël. La police avait indiqué que les engins explosifs retrouvés dans plusieurs bus calcinés, qui étaient vides au moment des faits, étaient similaires à d'autres trouvés en Cisjordanie.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères avait condamné la venue de Netanyahu à Tulkarem, dénonçant un «assaut», une «agression». A Tulkarem comme à Jénine, l'armée israélienne a démoli des dizaines de maisons à l'aide d'explosifs, dégageant des routes entières à travers les camps densément peuplés. Des bulldozers blindés ont fait des ravages dans les camps de la région, coupant notamment l'approvisionnement en eau en brisant les canalisations.
La violence s'est intensifiée en Cisjordanie depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien. Au moins 900 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens depuis lors, selon les chiffres du ministère de la Santé palestinien. Au moins 32 Israéliens parmi lesquels des soldats y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors d'opérations militaires israéliennes au cours de la même période, selon les données officielles israéliennes.