Élections législatives
Le Portugal bascule à droite

L'opposition de centre droit a remporté de justesse les législatives de dimanche au Portugal. Après huit ans de gouvernement socialiste, le Parlement vire à droite, confirmant que l'extrême droite progresse à travers le Vieux Continent.
Publié: 10.03.2024 à 21:42 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2024 à 22:43 heures
Le Portugal était un des rares pays en Europe à être dirigé par la gauche.
Photo: keystone-sda.ch

L'opposition de centre droit a remporté de justesse les législatives de dimanche au Portugal. Après huit ans de gouvernement socialiste, le Parlement du pays ibérique vire à droite avec une nouvelle poussée des populistes, selon une projection sortie des urnes diffusée par la télévision publique RTP.

A trois mois des européennes, ce scrutin précipité par la démission du Premier ministre sortant Antonio Costa, qui ne briguait pas un nouveau mandat, vient confirmer que l'extrême droite progresse à travers le Vieux Continent, comme l'avaient montré les électeurs italiens ou néerlandais.

Le Portugal était un des rares pays en Europe à être dirigé par la gauche lorsque Antonio Costa, 62 ans, a jeté l'éponge après avoir été cité dans une enquête pour trafic d'influence au début du mois de novembre.

Pas de majorité

Selon la projection RTP, l'Alliance démocratique (AD) de centre droit emmenée par Luis Montenegro, aurait gagné les élections de dimanche avec 29 à 33% des voix, mais ne serait pas en mesure de former une majorité à elle seule.

Luis Montenegro, longtemps député puis chef de groupe parlementaire quand son parti était au pouvoir (2011-2015), s'est engagé pendant la campagne à ne pas former un gouvernement avec le soutien de l'extrême droite.

Il espérait s'appuyer sur le petit parti Initiative libérale, crédité de 5 à 7% des suffrages, mais, toujours selon ce sondage sorti des urnes, les deux formations n'atteindront pas ensemble le seuil de 116 députés sur 230 sièges, synonyme de majorité absolue.

Le PS deuxième

Le Parti socialiste (PS), qui avait obtenu une majorité absolue lors des précédentes législatives de janvier 2022 avec un score de 41,4%, arriverait désormais en deuxième position avec 25% à 29% des voix.

Après le départ de Antonio Costa, le PS s'est regroupé autour de Pedro Nuno Santos, un ancien ministre de 46 ans issu de son aile gauche.

Du côté des vainqueurs de ce scrutin, le parti d'extrême droite Chega (Assez) aurait nettement renforcé son rang de troisième force politique du pays, en recueillant 14% à 17% des suffrages. Ce résultat est en ligne avec les enquêtes pré-électorales et représente plus du double du score de 7,2% atteint il y a deux ans.

La formation antisystème, portée par un discours contre la corruption, l'immigration et les minorités, a été créé en 2019 par André Ventura, un professeur de droit de 41 ans qui s'est fait connaître en tant que polémiste sur les plateaux de télévision consacrés au football.

Population étrangère visée

Cette nouvelle poussée de l'extrême droite intervient alors que le Portugal commémore le mois prochain le 50ᵉ anniversaire de la Révolution des Œillets, qui a mis fin à la dictature fasciste et 13 années de guerres coloniales.

Au-delà des soupçons de corruption qui ont provoqué la démission d'Antonio Costa, M. Ventura a également insisté pendant la campagne sur la hausse de l'immigration vers ce pays, qui a vu sa population étrangère doubler en l'espace de cinq ans.

«Avec tous les changements sociaux, démographiques et économiques, les Portugais sentent qu'ils doivent voter et qu'ils ont un mot à dire sur les choix» politiques, a-t-il affirmé dimanche, disant s'attendre à une forte participation. Le taux d'abstention, estimé entre 32 et 38% par la projection RTP, serait le plus bas depuis 2005.

Réduire les impôts

Malgré l'assainissement des finances publiques, une croissance supérieure à la moyenne européenne et un chômage au plus bas, le bilan du gouvernement socialiste sortant a été terni par l'inflation, des dysfonctionnements dans les hôpitaux et les écoles, puis par une importante crise du logement.

Au cours de la campagne, le chef de l'opposition de centre droit Luis Montenegro a promis de réduire les impôts afin de doper la croissance, tout en disant vouloir améliorer les services publics.

(ATS)

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