Effusion de sang en Syrie
Assad prévoit-il de revenir au pouvoir?

En quelques jours seulement, plus de 1000 personnes ont été tuées en Syrie. Est-ce la fin de l'espoir d'une paix prochaine? Quelques pistes d'explications sur la reprise du conflit et la possibilité pour l’ancien dirigeant, Bachar al-Assad, de revenir au pouvoir.
Publié: 10.03.2025 à 18:00 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2025 à 18:40 heures
Les membres des forces de sécurité syriennes matent durement les insurgés.
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

La déception est à la hauteur de l'espoir qu'ont suscité les changements de décembre dernier en Syrie: énorme. En effet, la guerre civile reprend de plus belle, plongeant à nouveau le pays dans l'effroi. Lors de violents combats, plus de 1000 personnes ont été tuées selon les estimations des activistes des droits de l'homme, dont environ 750 civils. Le bain de sang a débuté jeudi, lorsque des partisans du dictateur Bachar al-Assad, réfugié à l'étranger, ont attaqué de manière coordonnée les forces de sécurité des nouveaux dirigeants.

La guerre civile est-elle à nouveau installée de façon pérenne dans le pays? Dans ce contexte sanglant, un retour du très décrié ancien dirigeant Assad est-il envisageable? Tour d'horizon des questions importantes à investiguer. 

Pourquoi le conflit s'enflamme-t-il à nouveau?

Après que le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a renversé Assad le 8 décembre 2024, le gouvernement de transition a promis d’accepter tous les peuples et toutes les confessions. Néanmoins, des attaques répétées ont été menées contre les Alaouites, dont Assad fait partie. Le déclencheur concret des combats désormais sanglants a été l'arrestation d'anciens officiers du régime d'Assad. Les Alaouites ont réagi en attaquant les forces de sécurité des nouveaux dirigeants près de la ville côtière de Jablah.

Comment réagit le nouveau gouvernement?

Le gouvernement de transition a intensifié ses attaques vendredi, utilisant de l'artillerie, des tanks et des lance-roquettes. L'Observatoire des droits de l'homme basé en Grande-Bretagne parle de massacres contre les Alaouites, y compris des enfants. Le président de transition Ahmed al-Scharaa s'est adressé à la population dimanche et a déclaré: «Soyez rassurés, en ce qui concerne la Syrie, ce pays possède les caractéristiques nécessaires à sa survie. Ce qui se passe actuellement en Syrie fait partie des défis attendus.» 

A qui profite le soulèvement?

Le principal bénéficiaire pourrait être l'Etat islamique (EI), qui pourrait se réimplanter grâce à l'affaiblissement du nouveau régime. Mais l'Iran et la Russie pourraient également exploiter la situation pour renforcer leur influence en Syrie. L'Institute for the Study of War (ISW) écrit que les partisans d'Assad chercheraient le soutien de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah.

L'ISW déclare: «Ces efforts ne sont qu'un prélude: le Hezbollah et l'Iran tenteront de reconstruire leurs lignes d'approvisionnement à travers la Syrie en exploitant cette révolte.» L'Iran soutient l'organisation terroriste Hezbollah, stationnée au Liban, en lui fournissant des roquettes et d'autres armes utilisées contre Israël.

«
Il existe encore des éléments de l’ancien régime qui tentent de résister
Moshe Maoz
»

Assad est-il en train de revenir au pouvoir?

Le dictateur Bachar al-Assad avait fui à Moscou après sa chute, où il possède plusieurs appartements de luxe. On ignore jusqu’où s’étend son influence sur les insurgés. Moshe Maoz, expert du Moyen-Orient à l’Université hébraïque de Jérusalem, explique: «Il existe encore des éléments de l’ancien régime qui tentent de résister.»

Autrefois, Bachar al-Assad était soutenu par les milices notoires des Shabiha. Il est possible qu’elles se soient repliées après la chute de ce dernier et qu’elles opèrent désormais dans la clandestinité. Il n’y a aucune indication que l'ancien dirigeant envisage un retour au pouvoir. Le HTS, actuellement au pouvoir, est fort et bénéficie du soutien d’une large part de la population.

Faut-il enterrer l'espoir d'une paix?

L'expert ne prévoit pas de fin rapide aux combats. Un autre spécialiste en sécurité Peter R. Neumann, affirme également sur X: «L'Iran intervient activement. Le changement de pouvoir ne sera certainement pas aussi simple que prévu par les experts.» Après dix ans de guerre civile, de nombreuses questions restent encore à régler. Les pays voisins de la Syrie, la Turquie, la Jordanie et l'Irak, se réuniront dimanche à Amman avec des représentants syriens pour discuter de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme et de la criminalité organisée. L'accent sera mis sur les extrémistes de l'EI.

L'ISW demande à la communauté internationale de fournir une aide substantielle. Celle-ci devrait être conditionnée à des exigences strictes, demandant au gouvernement de transition de faire preuve de transparence et d'adopter une approche inclusive. De plus, les crimes doivent être résolus et sanctionnés de manière ferme. L'ISW déclare encore: «La communauté internationale doit adopter une alliance de soutien et de pression.»

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