Le tyran Bachar el-Assad, c'est désormais de l'histoire ancienne. Alors que les rebelles de Damas célèbrent leur victoire sur le régime, le dictateur déchu s'est réfugié en Russie avec sa famille. Les racines de celles-ci remontent à Qardaha, un village de montagne à Lattaquié dans le nord-ouest de la Syrie, où les ancêtres de Bachar al-Assad vivaient au moins depuis le 19e siècle.
Le père, Hafis al-Assad (1930-2000)
Hafis al-Assad est né en 1930. Adolescent, il souhaite devenir médecin, mais sa famille ne possède pas l'argent nécessaire pour lui payer de telles études. A la place de l'université, il s'engage dans l'armée à l'âge de vingt ans et suit une partie de sa formation en Union soviétique. Il fait finalement carrière en tant que pilote dans l'armée de l'air syrienne. En 1964, il devient commandant en chef.
Au cours de sa carrière militaire, Hafis al-Assad a participé à plusieurs coups d'État militaires en 1963 et 1966, avec le soutien d'autres officiers partageant ses idées. Porté au pouvoir en 1970, il devient président de la Syrie et revendique les pleins pouvoirs. Jusqu'en 2000, il dirige la Syrie d'une main de fer, réprimant toute révolte par la force. Hafis al-Assad meurt à l'aube du XXIe siècle, en 2000.
Bachar el-Assad a décrit sa relation avec son père comme très difficile. «Nous voyions papa à la maison, mais il était tellement occupé que trois jours passaient sans que nous n'échangions un mot avec lui», a-t-il déclaré dans une interview.
La mère, Anisa Machluf (1930-2016)
En 1957, Hafis al-Assad épouse Anisa Machluf. Elle était issue d'une famille alaouite influente de Lattaquié. Elle lui apporte non seulement beaucoup d'argent, mais aussi du prestige. C'est pourquoi la famille d'Anisa se serait opposée à ce mariage. Elle était considérée comme une conseillère importante de son mari.
Ensemble, le couple a eu cinq enfants. Leur premier enfant, Bushra al-Assad, meurt très jeune. Ensuite, nait leur fille Bushra al-Assad (64 ans), puis leurs fils Basil, Bashar, Majed et Mahir.
Le frère aîné, Basil al-Assad (1962-1994)
Il était le fils aîné de Hafis al-Assad et c'est lui qui aurait dû prendre le pouvoir. Alors que Bachar al-Assad a été envoyé à Londres pour devenir ophtalmologue, son frère Basil a été préparé à régner un jour sur la Syrie. Mais il meurt dans un accident en janvier 1994. Il se rendait à l'aéroport de Damas lorsqu'il a percuté un barrage en béton à près de 130 km/h avec sa Mercedes-Benz. Les circonstances de cet accident restent brumeuses.
Le frère cadet, Mahir al-Assad (57 ans)
Le plus jeune frère de Bachar est tristement célèbre pour les atrocités qu'il a commises contre les manifestants et les forces d'opposition pendant le Printemps arabe ainsi que durant la guerre civile. Mahir al-Assad n'a pas été nommé chef d'État par son père Hafis, car ce dernier le considérait soi-disant plus cruel que Bachar. L'homme de 57 ans est cependant devenu le commandant en chef de la Garde républicaine et de l'unité d'élite de la quatrième division blindée, qui constituent les principales forces de l'appareil de sécurité du pays.
D'anciens soldats sous son commandement racontent qu'ils ont reçu l'ordre de tuer des manifestants, qu'ils soient armés ou non. «On nous a ordonné de viser la tête ou le cœur. On ne nous a pas donné de chiffres précis, mais nous devions en tuer le plus possible», avait déclaré un tireur d'élite déserteur.
L'oncle, Rifaat al-Assad (87 ans)
Rifaat al-Assad était un compagnon loyal de son frère aîné Hafis. Chef de l'unité d'élite en Syrie, il est notamment connu pour avoir réprimé dans le sang un soulèvement islamiste en 1982, un acte qui lui a valu le surnom de «Boucher de Hama». Il devient par la suite vice-président de la Syrie, aux côtés de son frère.
Mais l'entente entre eux ne dure pas longtemps. Rifaat al-Assad tente de s'emparer du pouvoir par un coup d'État militaire en 1983. Sans succès. Rifaat al-Assad doit alors prendre la fuite et s'exile en France pendant plus de 35 ans. Il y achète des biens immobiliers d'une valeur de 83 millions de francs avec des fonds publics syriens détournés. Il continue de soustraire ces fonds à l'impôt en Syrie jusqu'en 2016, avec l'accord de sa famille.
En Suisse, il fait l'objet d'une enquête pour crimes de guerre commis dans les années 1980. Pour ne pas risquer une condamnation et donc la prison, Rifaat al-Assad est autorisé à rentrer en Syrie malgré son passé sanguinaire.
L'épouse, Asma al-Assad (49 ans)
Née Asma Fauaz al-Akhras, à Londres, son père était un cardiologue réputé et sa mère une diplomate syrienne de haut rang. Elle étudie l'informatique et la littérature française et fait ensuite carrière dans la banque d'investissement. Peu après, elle épouse Bachar el-Assad, qu'elle avait rencontré pendant ses études. Le couple a eu trois enfants.
En février 2010, «Vogue» a qualifié Asma al-Assad de «rose dans le désert». Puis la guerre civile éclate en Syrie. Elle se retire alors de la vie publique et agit en arrière-plan.