Intitulée «Borgen - le Royaume, le Pouvoir et la Gloire», la quatrième saison, qui sortira jeudi sur Netflix trois mois après sa diffusion à la télé danoise, voit Birgitte Nyborg tomber les habits de Première ministre au profit de ceux de cheffe de la diplomatie à un moment-clé pour le Groenland. Du pétrole vient en effet d'être découvert sur ce territoire autonome danois qui y voit une manne inespérée pour s'émanciper de la tutelle de Copenhague, au mépris de toute considération environnementale dans cette nature idyllique.
Le gouvernement danois et, en premier lieu, Birgitte Nyborg, dont le portefeuille couvre la politique étrangère du Groenland, doivent donc tenir la dragée haute face à la Chine, les Etats-Unis et la Russie, trois grandes puissances qui ont toutes un intérêt dans cette lucrative découverte.
S'en suit, en huit épisodes, une intrigue en forme, métaphorique, de noir et blanc où la beauté immaculée des paysages de glace du Groenland tranche avec les côté les plus sombres de la personnalité de la ministre.
Faire revivre les jeux de pouvoir
Pour le créateur de la série, Adam Price, tout a commencé il y a cinq ans quand il a appris l'existence d'une loi disposant que le Danemark et le Groenland doivent s'entendre sur la question délicate d'un partage en cas de découverte de ressources naturelles d'importance sur l'île-continent. En explorant cette idée, le scénariste se prend à faire revivre les jeux de pouvoir de ses personnages de «Borgen» en y ajoutant la dimension affective qui caractérise les liens entre Copenhague et son ancienne colonie.
«Quand quelque chose est en même temps chargé d'émotions et éminemment politique, c'est la combinaison parfaite pour +Borgen+», explique-t-il à l'AFP, un sourire en coin.
Pas question de repartir là où la troisième saison s'était arrêtée: la victoire électorale retentissante du parti nouvellement formé par Birgitte Nyborg. Une décennie plus tard, le monde a changé, ses personnages aussi.
«Aube nouvelle»
Aujourd'hui célibataire et mère de grands enfants, Birgitte Nyborg s'aventure cette fois-ci en terrain inconnu et essuie plusieurs déconvenues dans sa carrière malgré ses années d'expérience. Plus dure, plus cynique, elle tourne le dos à ses idéaux pour pouvoir s'accrocher au pouvoir. «Elle est rattrapée par la modernité, explique Price. Soudain, elle doit ouvrir les yeux sur une aube nouvelle. Je voulais vraiment propulser Borgen dans l'ère moderne (...) Je voulais mettre (les personnages) à l'épreuve du feu.»
L'actrice principale, Sidse Babett Knudsen, confie avoir été «un peu terrorisée» à l'idée d'incarner une Nyborg plus brutale à l'écran. «Ce qui me faisait un peu peur, c'est que l'univers de +Borgen+ a toujours été un petit peu plus idéaliste, plus gentil - Les temps ont changé, donc on a complètement changé le monde de Borgen pour coller au monde réel, et j'étais curieuse» de voir comment cela fonctionnerait, explique-t-elle.
Formée en France, la Danoise de 53 ans s'était jurée de ne pas aller au-delà de la troisième saison. «J'étais complètement sûre de ne plus jamais y toucher, je trouvais ça bien et beaucoup plus classe que pas mal de séries qui continuent jusqu'à l'épuisement», poursuit-elle. «J'aimais bien qu'on en ait terminé après trois saisons, je trouve que l'histoire était dite, que ça suffisait», ajoute-elle.
Facilement cédé
«Séduite» par le manuscrit, elle a facilement cédé, comblant de joie les fans qui attendaient le retour de la série. «Quand je travaille à l'étranger, on me demande s'il va y avoir une nouvelle saison», s'amuse-t-elle. Le public danois, en tout cas, a été conquis: selon les données collectées par l'institut Nielsen, quelque 776.000 de téléspectateurs en moyenne ont regardé les huit épisodes, dans un pays qui compte 5,5 millions d'habitants.
La série a aussi cartonné dans les autres pays nordiques, où elle est restée ancré dans le top dix de la version régionale de Netflix pendant plusieurs semaines consécutives. Sidse Knudsen n'espère pas pour autant retrouver le chignon sévère de son personnage fétiche, apparue sur les écrans quelques semaines avant l'élection, réelle, de la première femme Première ministre au Danemark. «J'ai appris, qu'il ne fallait plus jamais dire jamais mais je crois que c'est la fin.»
(AFP)