«Grâce à Dieu, le monde a échappé à une catastrophe nucléaire» dans la nuit, a ajouté l’ambassadrice américaine, en qualifiant cette attaque d'«irresponsable» et de «dangereuse». «Non seulement (Vladimir Poutine) n’a pas écouté» les appels à arrêter son invasion de l’Ukraine, «mais nous venons d’assister à une nouvelle escalade dangereuse qui représente une immense menace pour toute l’Europe et le monde», a dit la diplomate.
Son homologue russe, Vassily Nebenzia, a rejeté les affirmations de l’Ukraine et des Occidentaux selon lesquelles Moscou est responsable de l’attaque, les qualifiant de «mensonges». Elles font «partie d’une campagne de mensonges» à l’encontre de Moscou, a-t-il asséné.
Le diplomate russe a aussi assuré que l’Ukraine était responsable de l’incendie qui s’est déclaré ensuite sur le site nucléaire de Zaporojie, dans le sud de l’Ukraine.
Vassily Nebenzia a toutefois reconnu que des combats impliquant des militaires russes se déroulaient dans la zone concernée. Mais il a évoqué des échanges de tirs entre «armes légères» qui n’incluaient pas, selon lui, des bombardements. Il a affirmé que la sécurité du site nucléaire était assurée, demandant aux Occidentaux de «se calmer».
L’ambassadeur de l’Ukraine à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, lors d’un nouvel échange tendu avec son homologue russe, lui a réclamé de «cesser de proférer des mensonges». «Etes-vous en contact avec votre capitale?», lui a-t-il demandé, en s’étonnant des affirmations portées par l’ambassadeur russe.
Les inspecteurs de la sûreté nucléaire ukrainienne se «voient refuser l’accès» au site nucléaire de Zaporojie, a dénoncé le diplomate ukrainien.
Sergiy Kyslytsya a indiqué avoir demandé formellement dans une lettre à l’ONU d’établir une zone d’exclusion aérienne pour son pays, réaffirmant que «des zones résidentielles étaient réduites à des ruines» et que «des civils pacifiques étaient tués».
En raison du droit de veto de la Russie au Conseil de sécurité, il n’y a aucune chance pour cette instance d’établir une telle zone d’exclusion aérienne, déjà exclue par l’Otan.
«Huile sur le feu»
«La communauté internationale doit garder la tête froide et rester rationnelle», a renchéri l’ambassadeur chinois à l’ONU, Zhang Jun. Il ne «faut pas jeter de l’huile sur le feu», a-t-il ajouté en appelant au dialogue.
Lors de la session urgente du Conseil, demandée par le Royaume-Uni, l’ambassadrice britannique Barbara Woodward a souligné qu’il n’y avait aucun doute: ce sont «les forces russes (qui) ont attaqué» Zaporojie, qui abrite la plus grande centrale nucléaire d’Europe.
En début de séance, Rosemary DiCarlo, secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les affaires politiques, a souligné que «les attaques contre les sites nucléaires étaient contraires au droit international humanitaire».
De son côté, Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), lors d’une liaison vidéo en direct d’un avion en route pour Téhéran, a souligné l'«importance» de la quinzaine de centrales nucléaires implantées en Ukraine.
Il a répété être prêt à se rendre en Ukraine sur des sites nucléaires et précisé en avoir fait la demande à l’Ukraine et à la Russie, qui «l’étudie». Cette mission de l’AIEA serait limitée à la «sûreté» des sites, sans intervention politique, a-t-il fait valoir.
Zaporojie a été touchée dans la nuit de jeudi à vendredi par des frappes d’artillerie russe selon les Ukrainiens. Des bâtiments annexes de la centrale ont été touchés par un incendie.
Vendredi, l’armée russe occupait la centrale. Le régulateur ukrainien a indiqué que le feu, qui avait touché un laboratoire et un bâtiment de formation, avait été éteint et qu’aucune fuite radioactive n’avait été détectée.
(ATS)