L'armée russe occupait vendredi la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie (sud), la plus grande d'Europe, où des bombardements dans la nuit ont fait craindre une catastrophe.
Des tirs de chars russes contre la centrale ont mis le feu à un bâtiment de formation et à un laboratoire, mais aucune fuite radioactive n'a été constatée, ont indiqué les autorités ukrainiennes.
«Situation sans précédent»
Face à «une situation sans précédent», le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a proposé de se rendre en Ukraine pour négocier une solution avec les Russes afin de garantir la sécurité des sites nucléaires.
«C'est la première fois qu'un conflit militaire a lieu dans un pays doté d'un large programme nucléaire», a-t-il dit.
L'Ukraine dispose de quinze réacteurs dans quatre centrales et de plusieurs autres sites. Celui de Tchernobyl, lieu de la pire catastrophe nucléaire de l'histoire en 1986, est tombé aux mains des troupes russes la semaine dernière.
Kiev réclame plus de sanctions
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de recourir à «la terreur nucléaire» et a appelé à «une action européenne immédiate» pour «empêcher que l'Europe ne meure d'un désastre nucléaire». «Un renforcement immédiat de sanctions contre l'Etat terroriste nucléaire est nécessaire», a-t-il enjoint dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne.
Réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU
Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir en urgence dans la journée à la demande du Royaume-Uni afin d'étudier les conséquences des bombardements russes sur la centrale nucléaire de Zaporojie.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson avait dénoncé «les actions irresponsables» de Vladimir Poutine qui pourraient «directement menacer la sécurité de toute l'Europe».
L'armée russe poursuit sa progression
Selon les Ukrainiens, les combats se poursuivaient vendredi à Tcherniguiv, au nord de Kiev où des frappes russes ont fait 33 morts la veille dans une zone résidentielle.
La situation était aussi devenue «un enfer» à Okhtyrka, et «critique» à Soumy, deux villes situées à quelque 350 km à l'est de Kiev, selon les autorités locales.
Les Russes ont pris jeudi le contrôle de Kherson, une ville de 290.000 habitants, proche de la Crimée. Quant au port stratégique de Marioupol, au sud-est, où le maire accusait jeudi les forces russes de vouloir instaurer «un blocus», les autorités régionales indiquaient ne disposer d'"aucune communication».
Plus de 1,2 million de personnes ont déjà fui le pays, selon l'ONU.
Des armes à sous-munitions utilisées par les Russes à Kharkiv
L'armée russe a utilisé le 28 février à Kharkiv (Est), des armes à sous-munitions, qui sont indistinctement létales à l'égard des populations civiles, et dont l'emploi pourrait constituer un crime de guerre, affirme vendredi l'organisation Human Rights Watch (HRW).
Pas de zone d'exclusion aérienne
Les membres de l'Otan ont rejeté la demande de Kiev de créer une zone d'exclusion aérienne en Ukraine.
«Les Alliés sont convenus que nous ne devrions pas avoir d'avions de l'Otan opérant dans l’espace aérien ukrainien ou des troupes de l'Otan au sol, car nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe», a expliqué Jens Stoltenberg
La Russie punit les «informations mensongères»
Les députés russes ont adopté un texte prévoyant des peines pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison pour toute personne publiant des «informations mensongères» qui entraîneraient des «conséquences sérieuses» pour les forces armées.
De leur côté, les autorités russes ont restreint vendredi l'accès à quatre médias indépendants: les sites des éditions russophones de la BBC et de la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle, de Meduza, site russe basé à Riga et de Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL, média financé par le Congrès américain.
Facebook était aussi en partie inaccessible.
Violations des droits: l'ONU pour une enquête
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a approuvé à une écrasante majorité une résolution en faveur d'une commission d'enquête internationale sur les violations des droits humains et du droit humanitaire en Ukraine après l'invasion russe.
C'est la première fois dans l'histoire du Conseil qu'une résolution vise directement la Russie, selon un porte-parole de l'ONU.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a accusé vendredi des soldats russes de «violer des femmes dans les villes ukrainiennes occupées», demandant la création d'un tribunal pénal spécial pour juger le «crime d'agression» commis par Vladimir Poutine.
(AFP)