Deux commandants des Brigades du Hezbollah, influent groupe armé irakien pro-Iran, et leur chauffeur ont été tués mercredi soir en Irak dans une frappe de drone visant leur véhicule dans la capitale Bagdad, une attaque intervenant dans un contexte régional explosif.
Si la frappe de drone n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, elle intervient alors que Washington s'est engagé à poursuivre les représailles contre les groupes armés pro-Iran, après une attaque de drone le 28 janvier ayant tué trois soldats américains en plein désert jordanien, à la frontière syrienne.
Trois roquettes tirées par un drone
Abou Baqir al-Saadi, un commandant des Brigades du Hezbollah – Kataëb Hezbollah en arabe – a été tué dans la frappe, a indiqué à l'AFP un responsable de cette influente faction, sous couvert de l'anonymat, précisant que ce chef était chargé du «dossier militaire» en Syrie.
Au total, trois personnes, «deux chefs» des Brigades du Hezbollah et leur chauffeur, ont péri dans l'attaque contre le véhicule, a indiqué à l'AFP un responsable au ministère de l'Intérieur s'exprimant lui aussi sous anonymat. «Un drone a tiré trois roquettes contre une voiture 4X4» dans le quartier de Machtal dans l'est de Bagdad, avait précisé ce responsable à l'AFP.
Un photographe de l'AFP dans le quartier a pu voir un important déploiement sécuritaire bloquant tout accès au site de la frappe. En soirée la carcasse de la voiture, qui n'était plus qu'un amas de tôle carbonisée, avait été retirée.
Il y a près d'une semaine, les Etats-Unis ont déjà mené des frappes en Syrie et en Irak contre des cibles des forces d'élite iraniennes et des groupes armés pro-Iran, en représailles à l'attaque de drone en Jordanie.
Tensions régionales continues
Depuis des semaines, le gouvernement irakien n'arrive pas à s'extirper des tensions régionales, malgré les intenses efforts diplomatiques avec ses partenaires américain et iranien notamment.
Plus de 165 attaques depuis la mi-octobre ont visé les soldats américains et leurs partenaires de la coalition internationale antijihadiste en Irak et en Syrie, des violences attisées par la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien.
La plupart de ces frappes de drones et tirs de roquettes ont été revendiqués par une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens appelée la «Résistance islamique en Irak».
Le Hezbollah, classé groupe «terroriste» par Washington
Les Brigades du Hezbollah sont considérées comme étant le fer de lance de ce regroupement, qui met en avant sa solidarité avec Gaza et réclame le départ d'Irak des troupes américaines. Classées groupe «terroriste» par Washington et visées par des sanctions, les Brigades du Hezbollah ont déjà été visées ces dernières semaines par des frappes américaines en Irak.
Confrontées à la menace d'une riposte américaine après l'attaque en Jordanie, le groupe a annoncé fin janvier «la suspension» de leurs attaques contre les forces américaines, tout en appelant leurs combattants à «pratiquer une défense passive en cas d'action américaine hostile à leur encontre».
Des responsables à Washington ont déjà assuré que l'attaque de drone en Jordanie portait «l'empreinte des Kataëb Hezbollah». Les derniers bombardements américains menés il y a près d'une semaine en Irak, dans des zones à la frontière avec la Syrie, ont tué 16 combattants du Hachd al-Chaabi, coalition d'anciens paramilitaires pro-Iran intégrée à l'appareil sécuritaire de l'Etat irakien et qui regroupe les factions armées pro-Iran.
(AFP)