Vérifiez d'être bien assis avant de lire ce qui va suivre. Selon une étude publiée dans «Nature» par un groupe de chercheurs dont font partie des sommités suisses — à l'instar de la climatologue Sonia Seneviratne, le dérèglement climatique a été à l'origine de plus de la moitié (!) des 68'000 décès dus à la chaleur durant l'été caniculaire de 2022 en Europe.
Les spécialistes de l'Institut de Barcelone pour la santé mondiale (ISGlobal) constatent en effet que la chaleur aurait causé 38'000 décès de moins si l'humain n'avait pas encombré l'atmosphère de polluants qui agissent comme une serre et font cuire la planète. Ce chiffre est environ 10 fois supérieur au nombre de personnes assassinées en Europe la même année, relève le «Guardian» ce 29 octobre.
Plongeons dans les détails. La chaleur a tué plus de femmes que d'hommes, plus d'Européens du Sud que d'Européens du Nord, et plus de personnes âgées que de jeunes. Les scientifiques savaient déjà que la pollution par le carbone avait rendu les vagues de chaleur plus chaudes, mais ils ne savaient pas dans quelle mesure elle avait fait grimper le nombre de décès.
Ceux-ci appuient désormais que 56% des décès liés à la chaleur auraient pu être évités si le monde n'avait pas été réchauffé par des combustibles fossiles et la destruction de la nature. Cette proportion a varié entre 44% et 54% au cours des six années précédentes.
Rappeler l'urgence climatique
Theassa Beck, l'autrice principale de l'étude, déclare: «Nombreux sont ceux qui considèrent le changement climatique comme une préoccupation future. Pourtant, nos résultats soulignent qu'il s'agit déjà d'un problème urgent.»
Même une faible augmentation des températures peut avoir des effets dévastateurs sur la santé publique, complète Emily Theokritoff, chercheuse à l'Imperial College de Londres, qui n'a pas participé à l'étude. «Ce résultat est logique: les décès liés à la chaleur augmentent rapidement lorsque les températures dépassent les limites auxquelles les gens sont acclimatés.»
Dans les faits, l'Europe se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Des médecins tirent le signal d'alarme, toujours selon le journal britannique: les hôpitaux ne sont pas préparés à faire face aux conséquences.