Presque plus personne en politique ne conteste l’existence du changement climatique. Mais certains suggèrent que nos émissions n’ont qu’une contribution partielle. Dans les faits, le dernier rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) montre que les émissions d’origine humaine sont responsables de la totalité du réchauffement global observé.
Nous avons déjà atteint 1,1 °C de réchauffement global lors de la dernière décennie, et nous nous approchons dangereusement de la limite des 1,5 °C fixée dans l’accord de Paris. Mais sommes-nous vraiment responsables de ce changement ? Et si oui, quelle est la meilleure estimation de cette contribution?
Le dernier rapport GIEC fournit une réponse claire à cette question (voir Figure 1.a). La meilleure estimation de la contribution humaine au réchauffement global durant la dernière décennie (2010-2019) est de 1,1 °C, ce qui est identique au réchauffement global observé.
Nous sommes donc responsables de la totalité du réchauffement global et non seulement d’une partie de ce réchauffement. Le facteur déterminant est l'émission des gaz à effet de serre (voir Figure 1.b), et parmi ces émissions avant tout celles de CO2 (dues à la combustion de pétrole, gaz et charbon). Sans une diminution du réchauffement due à la pollution atmosphérique également d’origine humaine, le réchauffement dû aux émissions de gaz à effet de serre aurait déjà atteint 1,5 °C.
En ce qui concerne les facteurs d’origine non-humaine (variations solaires et volcaniques, variabilité interne du climat), leur contribution est tout simplement nulle.
Mais comment expliquer un lien si clair de cause à effet? Ce n’est en fait pas très compliqué. Si vous mettez une casserole d’eau sur le feu et que vous tournez le bouton de la cuisinière sur 3, vous ne seriez pas surpris de voir que l’eau se met à chauffer. Cela ne sert à rien d’essayer de trouver des explications farfelues.
Or, c’est exactement ce que nous faisons avec le système climatique. Toute émission de CO2 est équivalente à tourner le bouton de la cuisinière un peu plus vers la droite, qui plus est de manière irréversible sur des centaines à des milliers d’années. Tôt ou tard l’eau de la casserole va se mettre à bouillir et va déborder, mais pour l’instant elle se réchauffe et commence à s’agiter.
Est-ce que la Suisse est concernée? Les dernières années nous ont donné la réponse à cette question, que ce soit sous forme de manque de neige, de canicules, de sécheresse, de précipitations intenses ou de fonte de glaciers: oui, nous sommes malheureusement aussi dans la casserole…
*Sonia I. Seneviratne est professeure de dynamique du climat terrestre à l'École Polytechnique Fédérale de Zurich.