Des sanctions aux conséquences incertaines
La Russie va-t-elle profiter de l'embargo sur le pétrole?

L'Union européenne réagit enfin face à la guerre en Ukraine et a décidé d'un embargo coordonnée sur le pétrole russe. Mais le coup pourrait se retourner contre elle. Et le président russe, Vladimir Poutine, pourrait même habilement tirer son épingle du jeu.
Publié: 10.05.2022 à 21:14 heures
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Dernière mise à jour: 11.05.2022 à 06:12 heures
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L'UE veut renoncer complètement au pétrole russe d'ici à la fin de l'année.
Photo: IMAGO/Fotostand
Martin Schmidt

Les pays de l’Union européenne (UE) se sont enfin accordés pour tenter de couper les vivres à Vladimir Poutine. Elle a prévu d’imposer un embargo total sur les importations de pétrole russe. Mais la manœuvre pourrait se retourner contre elle.

Car la Russie pourrait profiter de cet embargo pétrolier, selon la «NZZ». Étant l’un des plus grands exportateurs de pétrole brut au monde, un embargo pourrait faire exploser les prix de la matière première.

Si la hausse des prix l’emporte sur la baisse des quantités exportées, davantage d’argent finirait par tomber in fine dans les caisses de Poutine. Soit l’exact contraire de l’objectif poursuivi par l’UE.

Une introduction échelonnée qui recèle des dangers

Les groupes pétroliers et gaziers russes contribuent à environ 40% des recettes fiscales totales de l’État. Les prix élevés du gaz et du pétrole ont déjà fait grimper les recettes russes à des niveaux vertigineux en avril.

L’UE pourrait en outre jouer le jeu de la Russie dans la mise en œuvre de l’embargo, la faute à l’échelonnement prévu de l’introduction de l’embargo sur le pétrole. La plupart des pays de l’UE veulent arrêter l’importation de pétrole brut russe dans les six prochains mois, celle de produits pétroliers devant être stoppée d’ici la fin de l’année.

Comme ce calendrier est trop strict pour des pays comme la Hongrie, la République tchèque ou la Slovaquie, des dérogations sont possibles. La Croatie envisage également de demander un traitement préférentiel. Dès que les premiers pays de l’UE renonceront au pétrole, les prix devraient commencer à bondir. Parallèlement, les pays qui continueront à importer du pétrole russe à ce moment-là devront le payer beaucoup plus cher.

La Russie a réduit sa production

L’UE risque également d’être désavantagée par l’embargo vis-à-vis de pays comme la Chine et l’Inde. Selon la «NZZ«, les volumes des ventes de pétrole russe vers l’Asie ont déjà augmenté. Mais dans l’ensemble, la Russie a déjà réduit sa production de pétrole en raison de la baisse de la demande en avril. En mai, elle devrait encore diminuer.

Un embargo pétrolier contre la Russie aura toutefois des conséquences économiques importantes pour l’Occident, dont la Suisse fera également les frais. Une forte hausse du prix du pétrole freinera considérablement le moteur économique de pays exportateurs importants pour la Suisse.

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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