Des États membres font barrage
L'embargo sur le pétrole russe fait des vagues au sein de l'UE

Des négociations se poursuivront en début de semaine entre les 27 États membres de l'UE pour lever les obstacles au projet d'embargo européen sur le pétrole russe, selon des sources diplomatiques. Le plan est freiné par plusieurs États membres, comme la Hongrie.
Publié: 08.05.2022 à 19:17 heures
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Dernière mise à jour: 09.05.2022 à 20:34 heures
Le projet de l'UE prévoit un embargo sur le pétrole russe d'ici à la fin de l'année (archives).
Photo: Dmitry Lovetsky

Les ambassadeurs des Vingt-Sept à Bruxelles se sont réunis dimanche sans parvenir encore à s'accorder sur la mise en oeuvre du sixième paquet de sanctions contre Moscou présenté mercredi par la Commission européenne.

Ce projet prévoit un embargo sur le pétrole russe d'ici à la fin de l'année dont la réalisation soulève des problèmes importants pour certains pays membres.

«Des contacts à tous les niveaux se poursuivront en début de semaine dans l'objectif d'aboutir le plus rapidement possible à un accord complet sur ce sixième paquet», a déclaré un diplomate européen. Le Conseil européen «est uni sur la nécessité d'adopter» ces mesures. «Des progrès très importants ont été réalisés sur la plus grande partie» d'entre elles, a-t-il affirmé.

La Hongrie se désolidarise?

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dont le pays dépend fortement de la Russie pour son approvisionnement énergétique, avait durci le ton vendredi matin, estimant que la proposition de Bruxelles portait «atteinte» à l'unité de l'Union européenne.

L'unanimité des Vingt-Sept est requise pour l'adoption des sanctions. «Il n'y a pas de blocage politique, mais la nécessité de garantir des sources alternatives d'approvisionnement aux pays enclavés dépendant du pétrole russe par oléoduc. Et ce n'est pas chose facile», a assuré le diplomate interrogé par l'AFP.

«Il s'agit de nouvelles infrastructures et de changements de technologies, qui supposent non seulement des financements européens, mais aussi des accords entre plusieurs Etats membres. On avance mais ça prend mécaniquement un peu de temps», a-t-il ajouté.

La proposition soumise mercredi aux Vingt-Sept prévoit un arrêt des importations de pétrole brut russe dans les six mois et des produits raffinés d'ici à fin 2022. Une dérogation d'une année jusqu'à la fin 2023 était prévue pour la Hongrie et la Slovaquie, mais elle a été jugée insuffisante. Elle a été portée jusqu'à fin 2024 dans une nouvelle mouture du projet discutée vendredi et la République tchèque se voit également accorder cette possibilité, selon des sources concordantes.

Mais Budapest souhaite un délai de cinq ans. Pour assurer son approvisionnement en pétrole, la Hongrie aura besoin d'un nouvel oléoduc la reliant avec la Croatie qui dispose d'un accès à la mer. Elle réclame désormais des garanties sur l'engagement de Zagreb pour construire cette infrastructure et sur des financements européens, a expliqué un autre diplomate à l'AFP.

Pas tous égaux

L'unité politique sur le pétrole est «garantie» mais «il faut du temps pour régler les problèmes de certains Etats membres», a expliqué un troisième diplomate.

L'objectif des Européens était initialement une entrée en vigueur du sixième train de sanctions pour la célébration de la 72e journée de l'Europe le 9 mai. Cette date est également célébrée en Russie comme le «jour de la Victoire» sur l'Allemagne nazie.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avait annoncé vendredi que, si aucun accord n'était trouvé pendant le week-end, il convoquerait une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE «la semaine prochaine», après la «journée de l'Europe» le 9 mai.

«Je suis convaincue que nous adopterons ce paquet. Si cela prend un jour de plus, cela prendra un jour de plus», avait déclaré de son côté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

(ATS)

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