«Deux djihadistes considérés comme appartenant à l’Etat Islamique (EI) se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des djihadistes de l’EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires», a précisé le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain en charge de l’Afghanistan. Un responsable sanitaire du gouvernement précédent a indiqué que le bilan pourrait atteindre les 60 morts.
Kenneth McKenzie a prévenu que les Etats-Unis étaient prêts à mener des représailles contre le groupe Etat islamique en Afghanistan. «Nous avons dit clairement depuis le début que nous nous réservions le droit d’agir contre l’EI en Afghanistan» malgré le retrait des militaires, a-t-il souligné. «Et nous travaillons très dur actuellement pour déterminer qui est lié à cette attaque lâche, et nous sommes prêts à agir contre eux», a-t-il martelé.
Notre article complet sur le double attentat
Il a également prévenu que de nouveaux attentats étaient possibles. Le général a notamment affirmé que «la menace d’un attentat suicide avec un véhicule» était «actuellement très élevée».
D’autres explosions ont à nouveau été entendues jeudi soir. Selon le porte-parole du régime taliban, Zabihullah Mujahid, cette explosion n’était pas due à une attaque mais à des destructions d’équipements par l’armée américaine à l’aéroport, ce que celle-ci n’a pas confirmé dans l’immédiat. Un signe qui pourrait indiquer que les Américains vont encore précipiter leur départ.
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Un kamikaze dans la foule
Le groupe Etat islamique a revendiqué l’attaque meurtrière, a rapporté le site spécialisé Site Intelligence. Dans un communiqué diffusé par son agence de propagande Amaq, l’EI se targue qu’un de ses combattants se soit approché à moins de «5 mètres de militaires américains» et qu’il ait déclenché sa ceinture explosive.
Sous le nom d’ISKP (État islamique Province du Khorasan), l’EI a revendiqué certaines des attaques les plus sanglantes commises ces dernières années en Afghanistan, faisant des centaines de morts. Il a surtout ciblé les musulmans qu’il considère comme hérétiques, en particulier les chiites. Même s’il s’agit de deux groupes sunnites radicaux, l’EI et les talibans sont en concurrence et sont animés par une haine tenace et réciproque.
«Une énorme explosion»
Selon des sources militaires, l’une des explosions s’est produite à proximité d’Abbey Gate, l’un des trois points d’accès à l’aéroport où se pressent des milliers d’Afghans qui espèrent être évacués pour échapper au régime taliban.
«C’était une énorme explosion, au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l’aéroport», où entrent des gens qui se font évacuer par les Occidentaux, a déclaré à l’AFP un témoin de la scène, Milad.
«Quand les gens ont entendu l’explosion, ça a été la panique. Les talibans ont alors tiré en l’air pour disperser les gens qui attendaient devant la porte», a indiqué à l’AFP un autre témoin. Il a notamment vu «un homme courir avec un bébé blessé dans les bras».
Rencontre avec le Premier ministre israélien reportée
Une rencontre prévue à la Maison Blanche entre Joe Biden et le Premier ministre Naftali Bennett prévue jeudi a d’ailleurs été reportée à vendredi. L’attentat a modifié les priorités du président américain.
L’ex-président américain Donald Trump a dénoncé jeudi une tragédie qui «n’aurait jamais dû avoir lieu», récupérant l’attaque pour critiquer acerbement Joe Biden.
«Cette tragédie n’aurait jamais dû avoir lieu, ce qui rend notre peine encore plus profonde, et plus difficile à comprendre», a déploré le républicain dans un communiqué. Son épouse Melania Trump et lui envoient aussi leurs condoléances «aux familles des civils innocents qui sont morts aujourd’hui dans l’attaque sauvage à Kaboul», qui a aussi blessé quinze militaires américains.
Les évacuations continuent
Malgré la situation, le Pentagone a tenu à assurer que les évacuations d’étrangers et d’Afghans jugés «à risque» depuis l’arrivée au pouvoir des talibans se poursuivaient. «Nous continuons de mener à bien notre mission numéro un qui est d’évacuer autant d’Américains et d’autres personnes que possible d’Afghanistan», a-t-il dit.
A Londres, le Premier ministre britannique Boris Johnson a convoqué une réunion interministérielle de crise. L’armée britannique participe elle aussi aux évacuations en cours à Kaboul, supervisées par les forces américaines.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a convoqué les membres permanents du Conseil de Sécurité à se réunir pour évoquer la situation chaotique en Afghanistan, ont affirmé des diplomates.
Le rythme des départs, qui n’avait cessé de s’accélérer ces derniers jours, avait commencé à ralentir depuis mercredi. Selon un bilan de la Maison Blanche jeudi matin, 13’400 personnes ont été évacuées au cours des 24 dernières heures. De nombreux pays alliés des Etats-Unis ont annoncé la fin imminente de leurs propres opérations. Certains, comme le Canada, ont déjà cessé leurs évacuations.
(ATS)