Peu avant le début de la saison d'hiver, le professionnel des sports d'hiver Reto Gurtner a jeté un froid. Pendant plusieurs jours, il a dominé les gros titres en déclarant – un peu de façon provocante – que le forfait journalier de ski coûtera bientôt 200 ou 300 francs.
Le chef de la Weisse Arena Flims-Laax part du principe que les prix actuels vont doubler, voire tripler, au cours des dix prochaines années. Pour justifier l'augmentation des tarifs, il invoque le renchérissement. Mais aussi une raréfaction de l'offre. Selon ce spécialiste du secteur, la ruée vers les domaines skiables, dont l'enneigement sera assuré à l'avenir, va augmenter.
En d'autres termes: la disparition des domaines skiables augmente le plaisir du ski sur les pistes. Un coup d'œil au-delà des frontières montre que Reto Gurtner pourrait bien avoir raison. En France, par exemple, ce sont des domaines skiables entiers qui disparaissent et non pas, comme en Suisse, un vieux téléski par-ci par-là. Dernier exemple en date: la station de ski de l'Alpe du Grand Serre dans la commune de La Morte, située à 150 kilomètres au sud-ouest de Genève.
Toute une population impactée
Quelques semaines avant le premier jour de ski de la saison, le domaine skiable près de Grenoble a cessé définitivement son activité, comme le rapporte la chaîne française TF1. La piste se situe à 1400 mètres d'altitude dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les remontées mécaniques montent jusqu'à 2180 mètres. Le premier téléski a été mis en service en 1938. Au total, le domaine comptabilisait onze téléskis et trois télésièges avec 55 kilomètres de pistes. Il n'y avait pas de grands besoins de rénovation, les remontées mécaniques étaient en bon état, les dameuses entretenues. Et pourtant…
Toute la région doit maintenant se réorienter: vingt moniteurs de ski perdent leur emploi, le loueur de matériel du village, qui gère l'entreprise avec sa femme, perd ses moyens de subsistance. Il y a à peine deux mois, il avait acheté pour 15'000 euros de nouvel équipement de location. Ceux qui ont déjà acheté une carte de saison se retrouvent dans le rouge; les propriétaires des 700 appartements de vacances sont affectés; même la fermière qui vendait jusqu'à présent son fromage de chèvre aux touristes dans le village s'inquiète. A l'avenir, elle devra sans doute les proposer sur les marchés de la région.
Plusieurs fermetures
Mais l'Alpe du Grand Serre n'est pas un cas isolé. Le domaine skiable du Grand Puy a également cessé son activité – pas assez de neige! Située entre 1370 et 1800 mètres d'altitude, cette station de ski des Alpes-de-Haute-Provence compte 24 kilomètres de pistes. Comme il fait de plus en plus chaud, les pistes sont restées la plupart du temps vertes plutôt que blanches ces derniers temps, ce qui a creusé un gros trou dans le budget.
Au cours des dix dernières années, le chiffre d'affaires a baissé de 60%. La commune de Seyne, qui compte 1300 habitants, a injecté 350'000 euros par an dans le domaine skiable. Mais la population ne voulait pas d'investissements supplémentaires. Ils ont approuvé à 71,3% des voix la fin de l'exploitation des sports d'hiver. Les cinq remontées mécaniques seront démolies et vendues.
Le domaine skiable de Métabief dans le Jura français souffre lui aussi du réchauffement climatique. Un tiers des pistes sera fermé. Le tollé est grand dans la région. Trop d'emplois sont liés au domaine skiable. Mais le domaine skiable, situé entre 923 et 1419 mètres d'altitude, est malheureusement à une altitude trop basse. La perspective d'une exploitation hivernale continue est trop faible et les prix de l'énergie trop élevés pour que de nouveaux investissements dans l'enneigement des pistes soient rentables. La commune veut désormais renforcer l'exploitation estivale pour survivre d'une manière ou d'une autre.
La fin dans les Alpes de Berchtesgaden
Au cours des 50 dernières années, 180 domaines skiables non rentables ont déjà mis la clé sous la porte en France. La situation n'est pas meilleure en Allemagne. Là-bas, la fermeture des installations du Jenner, au bord du lac Königssee, une montagne de 1874 mètres d'altitude dans les Alpes de Berchtesgaden, suscite l'émoi.
Début 2024, on a appris que les sports d'hiver n'allaient pas continuer. Ici aussi, les choses ont changé: les installations étaient à la pointe de la technologie et des millions ont été investis récemment pour les moderniser. Aujourd'hui, les exploitants abandonnent, tout simplement parce que la neige manque. Ils sont les premiers dans les Alpes bavaroises, mais – malheureusement – certainement pas les derniers.