Le 28 février, quatre jours seulement après l'invasion russe de l'Ukraine, le gouvernement de Volodymyr Zelensky a envoyé une délégation à Gomel, en Biélorussie, pour négocier avec la Russie. Des rencontres ont eu lieu à plusieurs reprises au mois de mars et les négociations se sont poursuivies en avril. Puis les atrocités russes à Boutcha et Irpin ont été rendues publiques - et les négociations ont été annulées.
Elles sont devenues impossibles lorsque le chef du Kremlin Vladimir Poutine a annexé les districts ukrainiens de Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kharkiv le 30 septembre.
Sur l'Ukraine et la Russie
«Les demandes de négociations sont naïves.» Andreas Umland, expert en politique et en Europe de l'Est, est d'avis que cela restera ainsi pour le moment, comme il l'explique à Blick. Les deux belligérants n'arriveront pas à trouver un terrain d'entente à l'heure actuelle.
«Il ne s'agit pas de négociations à prendre au sérieux»
Dans un entretien avec Blick, l'expert de l'Europe de l'Est Alexander Dubowy souligne que la Russie s'est toujours montrée prête à entamer des discussions. «Négocier, négocier, négocier... mais sur quoi?», se demande-t-il. Selon lui, les offres russes cachent surtout une intention: «Il ne s'agit pas de négociations à prendre au sérieux, mais de s'offrir un répit militaire.»
Volodymyr Zelensky a déjà demandé début novembre à la communauté internationale de contraindre la Russie à de véritables pourparlers de paix. La condition préalable serait que les troupes russes se retirent des territoires ukrainiens occupés, que la Russie prenne en charge les dommages de guerre et que les crimes de guerre soient poursuivis.
Alors que l'hiver approche, que l'armée russe est fortement décimée et que l'on s'attend à une sorte de «pause hivernale», de plus en plus d'experts occidentaux parlent effectivement d'une fenêtre d'opportunité pour des négociations de paix.
En dépit de tous les signes avant-coureurs, Alexander Dubowy ne trouve pas cette argumentation totalement absurde. «Nous nous dirigeons lentement vers une impasse, ce qui peut expliquer qu'une fenêtre de négociation s'ouvre. Nous ne devrions pas être surpris s'il y a de nouvelles discussions dans les semaines à venir.»
Sur quoi les belligérants négocient-ils?
Il est difficile de dire de quoi parleraient les deux belligérants. Les exigences de l'Ukraine et celles de la Russie sont très contrastées. «Il serait tout d'abord possible de négocier un retrait partiel de la Russie, par exemple sur le tracé de la frontière avant le déclenchement de la guerre», explique Alexander Dubowy. Une issue immédiate est malgré tout peu probable. «La paix est toujours très lointaine. C'est pourquoi le soutien à l'Ukraine reste central.»
Andreas Umland, expert en politique et en Europe de l'Est, affirme en outre que les négociations ne font que favoriser la Russie. «Les dirigeants russes entreprennent des agressions parce qu'elles mènent à des succès qui sont appréciés par de nombreux Russes.»
Pourtant, les victoires en Moldavie, en Tchétchénie, en Géorgie, en Crimée, en Syrie et dans le Donbass n'ont pas pour autant satisfait la Russie. Elles ont aiguisé son appétit pour d'autres agressions.