Des plans d'urgence
Les Etats-Unis se seraient préparés à une attaque nucléaire russe sur l'Ukraine en 2022

Fin 2022, les Etats-Unis se sont apparemment préparés «rigoureusement» à une éventuelle attaque nucléaire russe en Ukraine. Un tel événement n'était plus pensable, témoignent deux membres du gouvernement de Biden.
Publié: 10.03.2024 à 10:00 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2024 à 10:01 heures
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Vladimir Poutine voulait-il ordonner une attaque nucléaire sur l'Ukraine fin 2022?
Photo: IMAGO/SNA
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Marian Nadler

Ce que CNN a rapporté samedi semble plutôt inquiétant: le gouvernement américain aurait commencé à se «préparer» fin 2022 à l'idée que la Russie pourrait éventuellement attaquer l'Ukraine avec une arme nucléaire. De nombreux membres du gouvernement de Biden étaient de plus en plus inquiets de la situation, expliquent deux hauts responsables à la chaîne américaine.

«C'est ce que le conflit nous a fait comprendre. Je pense qu'il est de notre droit de nous préparer rigoureusement et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que cela arrive», a déclaré un haut fonctionnaire. Selon le rapport, l'évaluation de la situation ne se serait pas basée sur un seul indicateur, mais plutôt sur toute une collection de développements, d'analyses et d'informations des services secrets.

L'état de la menace «n'était pas seulement hypothétique, mais se basait également sur certaines informations que nous avions collectées», explique un deuxième collaborateur du gouvernement. «Nous devions planifier de manière à être dans la meilleure position possible au cas où cet événement se produirait réellement.»

Situation périlleuse à la fin de l'été 2022

Entre la fin de l'été et l'automne 2022, le Conseil national de sécurité des États-Unis a établi des plans d'urgence, «au cas où il y aurait soit une preuve très claire que la Russie soit sur le point de frapper avec une arme nucléaire, soit qu'elle l'ait tout simplement fait». L'un des informateurs ajoute: jamais, il n'aurait pu croire qu'il passerait autant de temps à se préparer à un tel scénario – catastrophe que l'on pensait révolue depuis des décennies.

Pour rappel, la fin de l'été 2022 n'a pas été une bonne période pour les forces armées russes. Les troupes ukrainiennes avançaient au sud vers Kherson occupée par la Russie, le plus grand butin de Poutine depuis le début de la guerre. La ville risquait désormais d'être perdue.

Le gouvernement de Biden considérait le possible encerclement des unités russes comme un «élément déclencheur potentiel» pour l'utilisation d'armes nucléaires. «A Kherson, les signes qui indiquaient des possibles effondrements de lignes russes se multipliaient à l'époque. Des dizaines de milliers de troupes du Kremlin étaient potentiellement menacées», a déclaré l'un des fonctionnaires.

La Russie a certes perdu du terrain en Ukraine. Certains fonctionnaires américains pensaient que le président Vladimir Poutine, qui considère Kherson comme russe, estimait les pertes de terrain comme une attaque directe contre la Fédération de Russie.

Les Etats-Unis restent vigilants

Les inquiétudes ont atteint leur paroxysme lorsque les services de renseignement occidentaux ont reçu des preuves d'échanges entre des fonctionnaires russes faisant explicitement référence à une attaque nucléaire. Mais, à aucun moment, il n'a été indiqué que la Russie mobilisait effectivement ses forces nucléaires en vue d'une attaque atomique contre l'Ukraine. Le danger a presque disparu lorsque la guerre est entrée dans l'impasse.

Les États-Unis et leurs alliés restent toutefois vigilants. «Il est tout à fait possible que nous soyons à nouveau confrontés à ce danger croissant dans les mois à venir», indique-t-on dans les milieux gouvernementaux. Si la Russie devait effectivement utiliser une bombe nucléaire en Ukraine, ce serait la première depuis que les Etats-Unis ont lancé des bombes A sur les villes japonaises d'Hiroshima et de Nagasaki, il y a près de quatre-vingts ans.

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