L’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, Andrij Melnyk, s’en est violemment pris à ce qu’il considère comme des «bien-pensants pseudo-libéraux» dans un tweet publié hier. En cause, un appel au «cessez-le-feu, maintenant!» lancé par personnalités allemandes dans une nouvelle lettre ouverte. Ce qui n'est pas du tout passé auprès de Melnyk: à son avis, les auteurs devraient aller se faire voir avec leurs «conseils défaitistes».
Dans l’appel publié par «Die Zeit», le journaliste Jakob Augstein, le philosophe Richard David Precht et l’écrivaine Juli Zeh ont demandé une «action concertée» pour entamer des négociations. Ils ont en outre remis en question le fait que les livraisons d’armes soient la bonne voie. «Encore eux! Quelle bande de losers pseudo-intellectuels», s'est déchaîné Melnyk sur Twitter.
Soutien à Melnyk
La lettre ouverte est également critiquée pour sa «naïveté». Dans une interview accordée à NTV, la politologue et spécialiste de la paix Ursula Schröder rappelle: «Un cessez-le-feu n'est pas automatiquement positif. Il est bien sûr souhaitable que cette guerre se termine le plus rapidement possible. Mais en tant que signal politique à la Russie, ce serait aujourd’hui fatal. Car s’il est dit que l’alliance occidentale ne veut pas que cette guerre se poursuive, et qu’elle laisse ainsi entendre indirectement que le soutien militaire à l’Ukraine va s’arrêter de manière prévisible, la position de négociation de l’Ukraine se détériore immensément.»
La directrice de l’Institut de recherche sur la paix et la politique de sécurité de l’université de Hambourg poursuit: «Les auteurs de cette lettre abordent ce sujet de manière beaucoup trop naïve. Les négociations peuvent être menées de manière tactique, par exemple pour obtenir plus d’informations sur l’adversaire. Même l’accord sur un cessez-le-feu temporaire ou limité dans l’espace n’est pas automatiquement positif.»
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L’expert militaire Carlo Masala, professeur de politique internationale à l’université de la Bundeswehr à Munich, abonde dans ce sens. La lettre ouverte souligne à juste titre que «la guerre régionale a de nombreuses conséquences globales», selon Masala. Mais il n’y a qu’un seul responsable: la Russie. «Oui, cette guerre menace la stabilité mondiale, écrit Masala sur Twitter. Chaque victoire russe la menacera encore plus et de manière durable. J’ai longtemps hésité à utiliser une telle métaphore. Mais maintenant, je le fais. Nous sommes de retour en 1937.»
Un ambassadeur qui ne fait pas l’unanimité
Ursula Schröder renchérit. «Les négociations pour un cessez-le-feu doivent être menées de manière très stratégique, dit-elle. Il ne faut en aucun cas considérer de telles négociations pour un cessez-le-feu comme un objectif en soi, comme c’est le cas dans cette lettre.»
Andrij Melnyk ne fait pourtant pas non plus l’unanimité. Récemment, il a provoqué une controverse. Dans une interview, il a défendu le nationaliste ukrainien et chef de milice Stepan Bandera (1909-1959), qui a joué un rôle douteux pendant la Seconde Guerre mondiale.
«En Allemagne, en Israël et dans de nombreux autres pays, le rôle de Bandera pendant la Seconde Guerre mondiale est considéré de manière extrêmement critique, notamment en raison de la collaboration de ses troupes avec les nazis allemands et de leur participation au meurtre massif de juifs», écrit à ce sujet le journal «Bild». Dans l’ouest de l’Ukraine, Bandera est en revanche considéré comme un héros national.