Les personnes qui souhaitent aujourd'hui s'engager dans de nouvelles voies professionnelles sont tombées au bon moment. Dans certains secteurs, on cherche désespérément du monde: dans la santé, la gastronomie, mais aussi dans les métiers artisanaux classiques.
François Ems, conseiller en orientation professionnelle et de carrière au centre d'information professionnelle d'Urdorf (ZH), soutient et accompagne les personnes dans leur reconversion. Il confirme la tendance. Selon le conseiller, il existe des associations professionnelles qui proposent actuellement des formations raccourcies.
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Forcément un salaire plus bas?
Les professions qui nécessitent une qualification professionnelle différente ou un diplôme d'études secondaires conviendraient même aux personnes en transition de carrière, comme la police ou les transports publics. «L'avantage, c'est qu'on y gagne généralement bien sa vie dès la formation», explique François Ems. Un changement d'orientation peut souvent signifier un salaire plus bas. Les horaires de travail ne sont pas non plus toujours optimaux. En revanche, on vit souvent mieux, car davantage satisfaisant et plus utile.
François Ems sait de quoi il parle, et pas seulement grâce à sa profession, mais aussi par expérience personnelle. Après avoir travaillé douze ans comme ingénieur électricien, il a suivi en 2001 une formation de conseiller en orientation professionnelle et de carrière. C'est ainsi qu'il a découvert par lui-même ce qu'il fallait faire pour qu'une reconversion professionnelle ou un changement d'orientation se passe le mieux possible: une bonne gestion du temps – surtout si l'on travaille encore à côté dans son ancien emploi. Ou si l'on a une famille ou si l'on étudie. L'idéal est d'être curieux, flexible, courageux et prêt à sortir de sa zone de confort. Et lui-même connait les difficultés du terrain: «Redevenir le débutant dans un domaine peut parfois être dur.»
Faire des essais, même si l'on est adulte
Si l'on n'est pas sûr qu'une nouvelle branche nous plaise, il faut en parler avec des gens du secteur, visiter des salons spécialisés ou même faire une journée d'essai. Même si cela est un peu inhabituel pour un adulte. «C'est une expérience très précieuse et un test important pour savoir si l'on est prêt à affronter les difficultés d'un changement d'orientation.»
Une vilaine égratignure au-dessus de l'œil et du sang partout. Voilà comment Sandra D'Adamo a commencé sa nouvelle vie. Lorsque son fils, alors âgé de deux ans, tombe dans les escaliers et doit se rendre aux urgences. Elle est fascinée par les soins qui y sont prodigués. De retour de l'hôpital, elle confie à son mari qu'elle aimerait, elle aussi, travailler un jour à l'hôpital. «Fais-le!», lui répond-il.
Sandra D'Adamo se renseigne et découvre qu'elle peut suivre une formation d'infirmière à temps partiel. Elle commence l'école en septembre 2020, au plus fort de la pandémie de Coronavirus. Pour elle, ce n'est pas un obstacle. C'est maintenant ou jamais!
L'ordinateur prend sa place
Au début, elle travaillait encore à 50% dans son ancien emploi aux CFF. Elle y avait déjà fait son apprentissage de commerce, puis a longtemps travaillé comme conductrice avant de terminer à la centrale de dépannage des CFF. Entre-temps, elle est devenue mère de deux enfants.
Le travail à la centrale de dépannage a fini par être effectué par un ordinateur. «Je devais presque uniquement surveiller si le programme informatique fonctionnait correctement ou non.» À la longue, cela ne la satisfaisait plus et ne lui demandait plus aucun effort. «Que je sois là ou non ne faisait pas de différence. Je ne voulais pas non plus sacrifier mon temps et ma famille pour cela.»
«Financièrement, c'est un coup dur»
Mais à côté de la formation et des enfants, son travail devient rapidement trop lourd. Sandra D'Adamo démissionne donc des CFF. «Financièrement, cela a été un coup dur pour nous.» La famille ne part plus en vacances, ne mange plus aussi souvent dehors et doit vendre l'une de ses deux voitures.
Repartir de zéro, redevenir une apprentie... la confiance en soi de Sandra D'Adamo en a pris un coup, au début. «Dans mon ancien travail, j'étais celle qui savait beaucoup de choses et à qui on demandait conseil. Mais là, je devais tout demander.»
Cet été, Sandra D'Adamo terminera sa formation. Sur les 25 personnes avec lesquelles elle a commencé, il en reste dix. «Quand j'étais sur le point d'abandonner, mon mari m'a toujours encouragée et confortée.» Selon elle, un environnement stable et soutenant est incroyablement important. Elle n'a jamais regretté sa décision. «Quand je passe du temps avec mes patients, je sais que tous mes efforts en valaient la peine.»
Faire quelque chose de nouveau
Des poissons, des reptiles et de la nourriture pour animaux. C'est ce que Rahel Klein a vendu pendant 16 ans. Elle l'a toujours fait avec plaisir, comme elle l'assure. Mais le Coronavirus est arrivé, et avec lui l'envie de faire quelque chose de nouveau.
La ville de Zurich cherchait à l'époque des chauffeurs de tram et de bus, lui a dit un collègue un peu par hasard. «Mais qu'est-ce que je vais faire en ville, moi qui suis de Suisse centrale?», se dit-elle. Mais quelque chose résonne en elle, une envie de changement. Sur le site Internet des transports publics de Zoug, Rahel Klein apprend que l'on recherche également des conductrices en Suisse centrale. Elle décide donc de poser sa candidature.
Un travail épuisant
La procédure de sélection est intense. Et elle est prévenue des conditions difficiles de travail: les horaires irréguliers ou les trajets le week-end, la nuit et les jours fériés par exemple. Elle se rend compte qu'elle aura besoin de soutien de la part de sa famille et de ses amis. Heureusement, ils ont été là pour elle: «Mon changement d'orientation était spontané, un saut dans le vide. Mais j'ai tout de suite su que j'avais pris la bonne décision.»
Il ne faut pas négliger l'épuisement que provoque une reconversion. Le soir, Rahel Klein se couche, morte de fatigue. Mais au moins, elle n'a pas à s'inquiéter financièrement. Son nouvel employeur prend en charge la moitié des coûts, l'autre moitié sera déduite proportionnellement de son salaire au cours des deux prochaines années. Comme elle gagne plus en tant que conductrice de bus que dans la vente, elle n'est plus obligée de se restreindre.
Le premier trajet seule
En mars 2024, le moment fatidique arrive: elle effectue pour la première fois un service seule. Tout se passe bien. Ce changement de profession est un grand défi pour Rahel Klein, qui est plutôt quelqu'un de routinier. Elle se sent bien lorsqu'elle sait à quoi s'attendre. «Là, j'ai dû totalement m'adapter. Dans le bus, chaque jour est différent, voire chaque trajet – même si on emprunte la même ligne toute la journée.»
Les horaires de travail ne sont finalement pas un souci pour elle. Le réveil sonne à quatre heures du matin? Aucun problème. Elle préfère bosser le matin que le soir, où il ne se passe généralement pas grand-chose.. Rahel Klein est fière de tout ce qu'elle a accompli. «Quand je vois les difficultés que j'ai surmontées, cela me donne confiance en moi.»