Déclaré mort par les Russes
Le tireur d'élite canadien qui veut rendre leurs villes aux Ukrainiens

Wali porte le titre de «sniper le plus meurtrier du monde». Il se bat contre les Russes en Ukraine. Mi-mars, il était annoncé mort, mais il s'agissait en réalité de propagande russe. Bien vivant, il a accordé une interview à «Bild». Blick en a sélectionné des extraits.
Publié: 02.04.2022 à 06:09 heures
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Le Canadien Wali se bat pour les Ukrainiens.

Dans chaque guerre, des héros naissent. Dans la guerre d’Ukraine, l’un d’entre eux est le tireur d’élite canadien Wali. Pendant la guerre d’Afghanistan, il était déjà au front en tant que tireur d’élite du Royal 22e Régiment canadien. En Irak, il a aussi combattu avec un groupe de volontaires contre l’Etat islamique. Il a alors fait parler de lui en éliminant un terroriste à une distance de 3,4 kilomètres, un record.

Mais le sniper est véritablement devenu célèbre au cours de l’invasion de l’Ukraine. Wali, dont le vrai nom n’est pas connu, a quitté son travail de programmeur, est parti à la guerre en tenant un journal dans lequel il décrit en détail le déroulement des combats. Il est ainsi devenu une star sur les réseaux sociaux.

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Le 15 mars s'est répandu une triste nouvelle, Wali est mort au combat. C’est en tout cas ce que certains comptes de réseaux sociaux chinois affirmaient, citant des sources russes. L’information s’est ensuite répandue dans le monde entier. Il était question d’un important succès de l’armée russe qui avait réussi à mettre hors d’état de nuire «le sniper le plus meurtrier du monde, capable de tuer 40 à 60 Russes par jour».

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Tout cela s'est avéré être de la pure propagande russe. Car Wali est bien vivant. Il l’a annoncé lui-même, devenant au passage encore plus populaire.

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Ces derniers jours, il a donné plusieurs interviews. Il a notamment parlé au journal allemand «Bild». Blick a sélectionné quelques extraits de l'entretien mené sur zoom.

Wali s'exprime sur…

… le fait qu’il soit encore en vie:

«Je n'ai pas une égratignure! Mais il s’en est souvent fallu de peu. C’était extrêmement dur, j’étais en mission dans la région de Kiev. […] Il y avait des combats de rue, extrêmement violents. Chaque jour, nous frôlions la mort. Plusieurs fois. Dans les films hollywoodiens, les tireurs d’élite font figure de grands, mais dans une telle guerre, on se sent minuscule. Les trois quarts du travail consistent à rester en vie. Les Russes essaient de tout anéantir dans chaque district qu’ils veulent conquérir. Ils tirent toute la journée avec de l’artillerie, depuis des chars. Et ils tirent avec des munitions de gros calibre qui transpercent les murs des maisons. Souvent, ces tirs passent à seulement quelques mètres de nous. Et quand ils avancent, nous devons riposter, pour qu’ils sachent que nous sommes encore là».

… les tactiques de guerre russes:

«Les Russes tirent sur tout, à plein régime. Ils misent sur une puissance de feu brute et imprécise. Et cela fonctionne souvent. Il faut donc choisir le bon moment pour lancer des contre-offensives. C’est presque comme une partie d’échecs. Nous devons toujours faire preuve d’agressivité, car les Russes ont globalement très peur. Ils tirent depuis des cachettes. C’est presque une guerre psychologique: celui qui semble le plus fort sur le moment avance!».

… son rôle dans les combats:

«Je tirais pour tenir l’ennemi à distance. Ma tâche principale était de survivre, de riposter, d’observer et d’attendre. Une fois, une personne est apparue dans la lunette de visée, mais cela aurait pu être un civil, c’est pourquoi je n’ai pas appuyé sur la gâchette. C’était ma décision, j’ai dû en prendre plusieurs similaires dans ma vie, et je pense que c’était la bonne».

… les raisons pour lesquelles il a risqué sa vie:

«Quand j’ai vu ces villes encerclées, j’ai commencé à me sentir mal. Dès mon départ de Montréal, je me suis dit: tu es fou! Mais je voulais quand même aider. Mais en même temps, je veux rester en vie, je veux voir mon fils grandir. […] Un jour, une femme m’a regardé, elle était devant sa maison bombardée, au milieu des voitures en feu: elle m’a souri. J’ai alors compris: c’est pour ça que je fais ça! Je risque ma vie, mais ça en vaut la peine. Rendre leur ville aux habitants pour qu’ils puissent la reconstruire, c'est ma motivation».

… le Canada, qui ne veut pas voir de compatriotes engagés dans la guerre en Ukraine:

«Si je reviens vivant et qu’ils veulent m’arrêter, qu’ils le fassent. La prison sera confortable par rapport à la guerre ici. Mais je ne pense pas qu’ils le feront. Le monde entier montre tant de sympathie envers l’Ukraine».

… les prochaines semaines:

«Ma tâche n’est pas encore terminée. Nous devons continuer à repousser les Russes, l’armée ukrainienne a besoin d’aide. J’ai vu tant de choses tristes et horribles, y compris les nombreux animaux domestiques abandonnés qui errent, complètement perdus. Ma famille s’inquiète énormément, mais je pense qu’ils comprennent. C’est mon devoir!»

(Adaptation par Quentin Durig)


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