Débat entre-deux tours
Macron et Le Pen tirent à boulets rouges

Les deux finalistes à la présidentielle Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont démarré leur débat sur les chapeaux de roue mercredi soir. Ils se sont dès le départ affronté notamment sur le pouvoir d'achat et les prix de l'énergie, à quatre jours du second tour.
Publié: 20.04.2022 à 21:53 heures
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Dernière mise à jour: 20.04.2022 à 22:25 heures
Les débats ont été très vifs dès le départ entre le président sortant et Marine Le Pen.
Photo: LUDOVIC MARIN

«Le plus grand atout de la France c'est son peuple», a déclaré la candidate RN, première à intervenir dans le débat, en soulignant que cela «fait des années que je vais à leur rencontre».

«Depuis cinq ans, je les ai vus souffrir, s'inquiéter d'un déclassement et d'une précarité qui reste généralisée», a-t-elle ajouté. Pour sa part, le président sortant a insisté sur cette période «de crise sans précédent» citant la pandémie de Covid-19 et la guerre sur le sol européen en Ukraine.

«Les inquiétudes sont là», a-t-il dit en ajoutant avoir «essayé de prendre les bonnes décisions». «Et je veux continuer de le faire parce que je crois d'abord que nous devons et nous pouvons rendre notre pays plus indépendant et plus fort par son économie, par le travail, par la recherche, l'innovation, par sa culture», a-t-il dit.

Les deux adversaires se sont serrés la main en entrant sur le plateau pour un débat de 2h30, arbitré par les journalistes vedettes des chaînes françaises TF1 et France 2, Gilles Bouleau et Léa Salamé. L'un, Emmanuel Macron, est à gauche de l'écran, l'autre, Marine Le Pen, à droite, soit le positionnement inverse d'il y a cinq ans.

La candidate RN était arrivée la première vers 19h45 dans les studios d'enregistrement, se déclarant «sereine» et disant vouloir profiter du débat pour «expliquer aux Français mon projet, le vrai».

Peu après, le président sortant est entré à son tour sur les lieux, accompagné de son épouse Brigitte. Il s'est dit «concentré et prêt pour un débat qui doit nous permettre à l'un et à l'autre d'expliquer nos idées, nos projets pour la France, de clarifier aussi tout ce qui doit l'être, de part et d'autre».

«Je crois qu'on est conscient de l'importance de ce moment, j'ai aussi à répondre de tout ce que nous avons fait durant les 5 années qui viennent», a-t-il ajouté dans un lapsus qu'il espère prophétique. Après moult tractations et tirages au sort de ce rendez-vous incontournable de toute présidentielle, c'est la candidate RN qui s'est exprimée en premier et qui conclura le débat.

Egalement tiré au sort, le pouvoir d'achat a été le premier thème abordé. Il reste la principale préoccupation des Français, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria auprès de plus de 12'000 personnes et publié mercredi.

Selon les experts, l'exercice ne bouleverse habituellement pas les dynamiques d'intentions de vote. Mais il pourrait servir à remobiliser certains électorats et «déplacer davantage de voix que ce qu'on a observé depuis le début de la Ve République», indique Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France.

D'autant qu'une éventuelle forte abstention pourrait brouiller le jeu dimanche. Quelque 69% des sondés se disent certains d'aller voter, selon le sondage Ipsos, soit une baisse de six points par rapport à l'enquête des 30 avril et 1er mai 2017.

A quatre jours du second tour, les sondages donnent invariablement l'avantage au président sortant, avec 54 à 56,5% des intentions de vote contre 43,5 à 46% pour Marine Le Pen. Soit un écart de 8 à 12 points. Un écart plus serré qu'en 2017 donc, quand M. Macron l'avait emporté avec une avance de 32 points (66% contre 34%).

Les deux candidats divergent sur l'Ukraine, les relations avec la Russie, comme quasiment tout le reste: des retraites à l'écologie en passant par le port du voile, les libertés publiques et les institutions, le pouvoir d'achat et l'Union européenne.

Contrairement à 2017, M. Macron se présente cette fois avec un bilan de président sortant à défendre et sera attaqué par sa concurrente sur son «mépris» et son «arrogance» supposés à l'égard des Français. Un angle d'attaque anticipé par le camp Macron: il faut «qu'il se débarrasse de cette image d'élite car les gens ont besoin d'empathie. Il faut surtout apaiser le rejet qu'il dégage», souligne un responsable de la majorité.

Mais le président sortant tentera aussi de pousser sa rivale dans ses retranchements concernant son programme, et de détricoter l'image lissée de celle qui reste à ses yeux «l'héritière» du «clan» Le Pen.

(ATS)

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