Si quelqu'un avait encore besoin d'une preuve que la Russie n'est pas intéressée par une solution diplomatique à la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine l'a fournie vendredi. Il a assuré qu'il était prêt à discuter si l'Ukraine changeait son «gouvernement nazi» et se retirait complètement des quatre régions annexées de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson. Le Kremlin exige donc de Kiev une capitulation totale – et montre ainsi clairement que les discussions sur cette guerre n'ont aucun sens.
Mais ce week-end, dans le fabuleux hôtel de luxe du Bürgenstock, on s'est accroché à l'idée non moins fabuleuse qu'une solution diplomatique pourrait être trouvée à ce conflit. Mais c'est une dangereuse illusion.
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Des objectifs minimaux
La Suisse a invité 92 pays à sa conférence sur la paix en Ukraine. Elle a culminé avec la signature par 84 des nations invitées d'un communiqué exigeant trois choses: l'arrêt immédiat des attaques contre les centrales nucléaires en Ukraine, l'arrêt des attaques contre les infrastructures portuaires et maritimes et la libération de tous les prisonniers de guerre et des enfants enlevés.
Une douzaine de délégations ne semblent même pas être d'accord avec cette variante absolument minimale d'un plan de paix. Des poids lourds comme l'Inde, l'Arabie saoudite, l'Afrique du Sud et les Emirats arabes ne soutiennent pas les décisions du Bürgenstock. La superpuissance chinoise n'est même pas venue dans le canton de Nidwald. Le Brésil n'était là qu'en tant qu'observateur. Du pain béni pour le Kremlin!
Le Canada et les enfants enlevés
Le fait que le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui affiche sa bonne humeur malgré tout, ait répandu autant d'assurance au Bürgenstock, semble étrange. La maigre action diplomatique de cette déclaration sur papier glacé n'a pas vraiment dû enchanter le président de guerre. Sa bonne humeur s'explique davantage par l'accord de sécurité militaire de dix ans qu'il a signé il y a quelques jours avec les Américains lors du sommet du G7 en Italie.
Car sans victoire militaire contre les agresseurs russes, il n'y a pas d'avenir pour l'Ukraine. C'est ce que Volodymyr Zelensky a inscrit limpidement dans son plan de paix en dix points dès 2022. Il exige entre autres le retrait de toutes les troupes russes de l'ensemble de l'Ukraine (y compris la Crimée) et la mise en place d'un tribunal spécial pour juger les criminels de guerre russes. Et ce, avant même de parler avec la Russie.
Mais il n'en a même pas été question au Bürgenstock. La diplomatie est complexe et coûteuse, la Suisse s'efforce manifestement de contribuer à la recherche d'un consensus. Mais le consensus des personnes partageant les mêmes idées ne sert pas à grand-chose pour mettre un terme à la terreur. Rien que le mois dernier, Moscou a tiré au moins 3500 missiles sur des cibles civiles en Ukraine. Cela représente plus de 100 tentatives d'attentats terroristes… par jour. Les conférences et les déclarations écrites ne sont pas une bonne protection.
Pourtant, le noyau dur des invités du Bürgenstock semble croire que de nouvelles conférences permettraient d'une manière ou d'une autre de se rapprocher de la paix. Le Canada veut organiser prochainement une nouvelle conférence sur l'Ukraine afin de parler du rapatriement des prisonniers de guerre et des enfants enlevés.
Pas de temps pour de longues discussions
Volodymyr Zelensky s'est montré reconnaissant en apparence. Mais lors de son intervention devant les quelque 500 journalistes rassemblés, il a laissé entendre que de telles réunions n'étaient pas la voie à suivre – du moins pas tant que tous les pays du monde (à l'exception de la Russie) ne pouvaient pas se résoudre à une action commune contre l'agresseur. «Nous sommes en pleine guerre. Nous n'avons pas le temps de discuter trop longtemps», a souligné le président ukrainien.
Et les organisateurs suisses? Ils semblent satisfaits de leur sommet. Il était parfaitement organisé et a été bien fréquenté. Seule la pose un peu décalée de la présidente de la Confédération sur l'une des photos de groupe a fait froncer les sourcils. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi elle avait la tête penchée en avant, Viola Amherd a répondu: «Je ne dirai rien à ce sujet. En Suisse, il est dangereux de sortir la tête.»
Elle a raison. Mais il est tout aussi dangereux de rester trop sagement en rang face à la persistance du terrorisme. Il faut faire preuve de courage. Au Bürgenstock, on n'a pas osé le faire.