D'après les autorités
En un jour, la Corée du Nord passe d'un cas de Covid à 187’000

La Corée du Nord est confrontée à une flambée du nombre de cas de coronavirus. Un premier décès a été annoncé. Les experts estiment que le virus circule depuis plusieurs semaines déjà.
Publié: 13.05.2022 à 10:20 heures
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Dernière mise à jour: 13.05.2022 à 10:38 heures
La Corée du Nord est confrontée à une flambée des cas de coronavirus.

Pendant deux ans, la Corée du Nord a affirmé ne pas être touchée par la pandémie de coronavirus. Mais mercredi, un premier cas a été officiellement annoncé. Vendredi, les autorités nord-coréennes ont annoncé un premier décès lié au virus, et elles précisent que plus de 187’000 personnes ayant de la fièvre étaient «isolées et soignées» et que le virus s’était déjà répandu «dans tout le pays».

Six victimes de la «fièvre», dont une testée positive au Covid

L’agence de presse officielle KCNA a affirmé que le leader Kim Jong-un s’était rendu au siège national de la prévention des épidémies et qu’il a «pris connaissance de la propagation du Covid-19 dans tout le pays».

«Une fièvre, dont la cause n’a pu être identifiée, s’est propagée de manière exponentielle dans tout le pays à partir de la fin avril. Rien que le jeudi 12 mai, quelque 18’000 personnes ont eu de la fièvre à travers tout le pays», affirme l’agence. Six personnes victimes de cette «fièvre» sont mortes dans le pays, dont une testée positive au sous-variant BA.2 d’Omicron, a-t-elle précisé. Les cinq autres victimes, elles, n’ont pas été testées avant leur décès.

Pas de vaccins

Face à cette propagation fulgurante du virus, le pays a déclaré mettre en place son plan «prévention d’urgence maximale des épidémies». Cette épidémie de coronavirus pourrait s’avérer catastrophique pour la Corée du Nord, car le système de santé y est vétuste. De plus, aucun des 25 millions d’habitants n’est vacciné contre le coronavirus, Pyongyang ayant rejeté les offres de vaccination de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de la Chine et de la Russie.

«Le défi le plus important» selon Kim Jong-un

Jeudi, Kim Jong-un avait présidé une réunion d’urgence du bureau politique sur la situation épidémique et a ordonné des mesures de confinement pour tenter d’enrayer la propagation du virus.

«C’est le défi le plus important et la tâche la plus importante auxquels notre Parti doit faire face pour inverser rapidement cette situation de crise sanitaire», a ajouté l’agence de presse KCNA.

La Corée du Nord s’est longtemps vantée de sa capacité à tenir le virus à distance, et n’avait pas signalé à l’OMS le moindre cas confirmé de Covid-19. Beaucoup d’experts réfutent cette revendication, et estiment, au contraire, que le pays a été touché par le passé.

Une parade militaire comme source de propagation?

Censé être une célébration triomphale des prouesses martiales de la Corée du Nord, un défilé militaire géant pour célébrer la fondation de l'armée pourrait avoir involontairement propagé le Covid-19 dans tout le pays, selon les experts.

Pour Hong Min, chercheur à l'Institut coréen pour l'unification nationale, basé à Séoul, l'actuelle épidémie de Covid-19 est «étroitement liée à la parade du 25 avril», un gigantesque défilé militaire à l'occasion du 90e anniversaire de l'Armée populaire révolutionnaire de Corée.

Les images de l'événement diffusées par la télévision d'État montrent des milliers de personnes - non masquées et sans distanciation sociale - entassées sur la place Kim Il Sung à Pyongyang pour voir défiler les soldats et applaudir le passage de chars, de lance-roquettes et de gros missiles balistique intercontinentaux (ICBM).

«Plus de 20'000 personnes se sont préparées à la parade deux mois avant l'événement et sont restées dans la capitale pour des séances de photos avec Kim Jong Un», a ajouté Hong Min à l'AFP.

Le régime de Kim Jong Un ne semble selon lui avoir «réalisé la gravité» de la situation que tardivement et a procédé à des tests de dépistage du Covid-19 après le retour des participants au défilé dans leurs districts.

«L'organisation d'un défilé militaire en présence d'une grande foule, alors que le variant Omicron faisait rage en Chine voisine, montre que Pyongyang était trop confiant dans ses capacités à combattre et à prévenir le virus», assure Cheong Seong-chang, de l'Institut Sejong.

(Adaptation par Quentin Durig, avec ATS/AFP)


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