Ce site nucléaire, situé au sud de l'Ukraine, est le troisième à se retrouver entraîné dans la guerre lancée par la Russie en février, et cela, malgré les multiples appels de la communauté internationale à épargner de tels infrastructures afin de ne pas provoquer une catastrophe continentale.
Moscou a de son côté dénoncé lundi le «mensonge» de l'Ukraine trois jours après la découverte de centaines de corps enterrés dans la forêt près de la ville d'Izioum récemment reprise à l'armée russe. Kiev a accusé l'armée russe d'exactions.
«Danger pour le monde entier»
Réagissant à la frappe de missile ayant touché le site de la centrale de Pivdennonooukraïnsk, dans la région de Mykolaïv (sud), le président Volodymyr Zelensky a jugé que la Russie mettait «en danger le monde entier». «Nous devons l'arrêter tant qu'il n'est pas trop tard», a-t-il lancé sur Telegram, diffusant une vidéo de surveillance montrant une grosse explosion.
Selon l'opérateur Energoatom, «une puissante explosion s'est produite à seulement 300 mètres des réacteurs» de cette centrale, la prêtant à une frappe nocturne d'un missile russe.
À 260 kilomètres à vol d'oiseau à l'ouest, une autre centrale nucléaire ukrainienne, celle de Zaporijjia, la plus grande d'Europe et occupée par les troupes russes depuis les premières semaines de l'invasion, a été visée à de nombreuses reprises par des bombardements ces derniers mois provoquant une forte inquiétude.
Chantage nucléaire
Kiev et Moscou s'en rejettent la responsabilité et s'accusent de chantage nucléaire. La situation s'y est cependant améliorée ces derniers jours, et la centrale a pu être reconnectée au réseau électrique ukrainien.
Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), organisation qui a des observateurs sur place depuis début septembre, a appelé la Russie à s'en retirer.
Au début de l'invasion russe, les forces de Moscou ont aussi occupé le site de la centrale Tchernobyl (nord), dont l'un des réacteurs a explosé en 1986, entraînant des retombées radioactives dans une grande partie de l'Europe.
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L'occupation du site avait laissé craindre pour la sécurité du sarcophage de confinement du réacteur accidenté. Les forces russes se sont finalement retirées au printemps après l'échec de l'offensive sur Kiev.
«Pas de pause»
A Pivdennonooukraïnsk, la centrale fonctionnait normalement lundi matin malgré la frappe de missile qui a soufflé une centaine de fenêtres et provoqué un bref débranchement de trois lignes à haute tension.
Ce bombardement intervient alors que les forces russes ont enchaîné les échecs en septembre, avec leur retraite d'une large partie du nord-est du pays face à une contre-offensive éclair des Ukrainiens dans la région de Kharkiv. Les troupes de Kiev ont également repris du terrain, mais plus lentement, dans le sud.
Depuis plusieurs jours, l'avancée ukrainienne a cependant ralenti. Le président Zelensky a insisté dimanche soir qu'il ne s'agissait «pas d'une pause», mais de «préparer les prochaines étapes», la Russie contrôlant une grande partie du Donbass (est) et des régions de Kherson et Zaporijjia (sud), après avoir annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée.
Tortures et «mensonges»
Dans la région de Kharkiv, les exhumations de corps se poursuivent à Izioum après la découverte de plus de 440 tombes près de cette ville clé récemment reprise aux Russes. Certains corps, les mains liées, portaient des traces de mauvais traitements. Des enquêteurs ukrainiens ont entamé leurs investigations le 16 septembre.
Une fois encore, comme après la découverte à Boutcha de centaines de corps de civils au printemps après le retrait russe, le Kremlin a nié toute exaction. «C'est un mensonge. Nous allons bien sûr défendre la vérité dans cette affaire, a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du président Vladimir Poutine. C'est le même scénario qu'à Boutcha.»
La présidence tchèque de l'UE a appelé samedi à la création d'un tribunal international spécial. Les journalistes de l'AFP ont recueilli les témoignages d'Ukrainiens ayant dit avoir subi des tortures aux mains de militaires russes durant l'occupation de la région de Kharkiv.
Des coups et des insultes
Dans l'hôpital d'Izioum, Mykhaïlo Tchindeï, 67 ans, raconte qu'il a été détenu 12 jours durant par les soldats adverses dans une cellule humide et que ses geôliers lui ont cassé le bras à coup de barre de métal.
«Ils m'ont frappé les talons, le dos, les jambes et les reins», ajoute Mykhaïlo Tchindeï, les soldats russes l'accusant d'avoir donné aux forces ukrainiennes les coordonnées d'une école dans laquelle ils s'étaient installés. Un bombardement ukrainien y avait tué de nombreux militaires russes.
Sur le front diplomatique, la liste des sanctions contre Moscou s'est encore allongée. Depuis lundi, la Pologne et les trois Etats baltes restreignent l'entrée sur leur sol des ressortissants russes porteurs de visas européens.
(AFP)