A l'approche des élections européennes de juin, un nouveau parti s'est formé en Allemagne. Ce dernier qui présente des liens étroits avec le parti nationaliste AKP (Parti de la justice et du développement) du président turc Recep Tayyip Erdogan. La branche allemande de ce mouvement porte le nom de Dava, qui signifie Alliance démocratique pour la diversité et le renouveau.
Les principaux candidats, tous des hommes, ont un passé politique dans l'environnement de l'AKP ou de ses organisations en amont. Selon des informations du «Bild am Sonntag», on compte parmi eux le médecin hambourgeois Mustafa Yoldas, connu au ministère fédéral de l'Intérieur pour son «soutien au Hamas et aux organisations qui lui sont proches».
Le médecin Ali Ihsan Ünlü de Bad Eilsen en Basse-Saxe, qui est fonctionnaire de l'organisation turque Ditib, se présente également comme tête de liste. L'avocat de Solingen Fatih Zingal, ancien membre du Parti social-démocrate d'Allemagne, et Teyfik Özcan, chef de parti de Dava et également ancien membre du SPD, complètent le quatuor.
Jusqu'à cinq millions de musulmans en droit de voter?
Selon «Bild am Sonntag», il y a aujourd'hui 2,5 millions de musulmans ayant le droit de vote en Allemagne et donc des électeurs potentiels de Dava. Après la naturalisation simplifiée prévue à partir d'avril, ils pourraient être 2,5 millions de plus. L'objectif de Dava est d'exercer une influence au sein du Parlement européen en tant qu'émanation de la Turquie, pays non membre de l'UE.
Le parti mise sur des slogans simples pour attirer les électeurs et thématise la discrimination au quotidien. Il demande que «les personnes d'origine étrangère se voient reconnaître leurs droits dans leur intégralité». Il s'engage pour une «politique des réfugiés pragmatique et sans idéologie».
Un expert met en garde
Pour l'expert en affaires intérieures de l'Union chrétienne-démocrate, Christoph de Vries, on reconnaît ici une stratégie claire: «Présenter les musulmans comme des victimes d'une société majoritaire raciste et se poser en défenseur de leurs intérêts». Le gouvernement fédéral ne devrait «en aucun cas prendre à la légère» cette création de parti, conseille l'homme politique.
Christoph De Vries poursuit: «Avec la création du parti islamiste turc Dava, le président Erdogan dispose désormais, en plus de Ditib, d'un levier supplémentaire pour exercer une influence politique en Allemagne et il tentera d'utiliser ce nouvel instrument de pouvoir».
Il n'est toutefois pas certain que le parti réussisse. En 2017, lorsque l'Alliance des démocrates allemands, qui s'adressait aux immigrés d'origine turque et musulmane, s'est présentée, elle n'a obtenu que 0,5% des voix. Selon des initiés turcs, aucune création de Dava n'est actuellement prévue en Suisse.