Donald Trump dégaine à nouveau le fusil des tarifs douaniers. Cette fois, c’est l’industrie automobile qui encaisse le coup – et pas à moitié. Le président américain a annoncé mercredi soir l’instauration de droits de douane punitifs de 25% sur toutes les voitures importées de l’étranger. Et ces mesures ne sont pas temporaires: «Ils sont permanents», a-t-il martelé. Une annonce qui fait l’effet d’un séisme pour les constructeurs européens, plongés dans l’incertitude.
La réaction de l’Allemagne ne s’est pas fait attendre. Hildegard Müller, présidente de la fédération automobile allemande VDA, tire la sonnette d’alarme. Interviewée par «Bild», elle dénonce un «signal fatal pour le commerce libre et basé sur des règles». Un coup dur pour l’industrie automobile allemande, déjà fragilisée, qui dépend fortement du marché américain. L’an dernier, une Porsche sur trois et une BMW sur six y ont été écoulées. Les nouvelles barrières tarifaires risquent donc de peser lourd sur les ventes – et sur l’avenir d’un secteur stratégique pour l’Europe.
Elon Musk, le gagnant secret
Mais l’impact dépasse largement les frontières de l’Europe. Selon une analyse du portail financier Bloomberg publiée jeudi matin, des géants asiatiques comme Hyundai (Corée du Sud) et Toyota (Japon) figurent aussi parmi les grands perdants. Hyundai, par exemple, pourrait voir ses coûts grimper jusqu’à sept milliards de dollars par an, car plus de la moitié de ses ventes aux Etats-Unis concernent des modèles importés.
Le coup de massue de Trump frappe aussi… les constructeurs américains eux-mêmes! General Motors et Ford ne sont pas épargnés: de nombreux modèles, comme le Chevrolet Equinox ou le Ford Maverick, sont fabriqués au Mexique. Ils devront donc faire face, eux aussi, à une hausse des prix sur les véhicules ou les pièces importées.
Hasard (ou pas), celui qui semble s’en sortir le mieux n’est autre qu’Elon Musk, proche de Trump. Son entreprise Tesla est, pour l’instant, à l’abri. Et pour cause: selon les données de Global Data, toutes les Tesla vendues aux Etats-Unis sont également produites sur le sol américain.
Tesla en Californie et au Texas
Mais Elon Musk lui-même reste prudent. Pas question pour le patron de Tesla de fanfaronner publiquement. Sur X, il a écrit mercredi soir: «Il est important de noter que Tesla ne s'en sort pas indemne ici. L'impact des droits de douane sur Tesla est encore considérable.» En cause: certaines pièces du constructeur sont bel et bien fabriquées à l’étranger.
D’après l’Agence nationale américaine pour la sécurité des routes et des véhicules, environ 25% des composants utilisés par Tesla en 2024 proviennent du Mexique – le reste étant d’origine américaine. L’entreprise n’échappe donc pas totalement aux effets des nouvelles taxes. Mais comme l’assemblage final s’effectue exclusivement en Californie et au Texas, l’impact global reste limité.
Un avantage concurrentiel
C’est une aubaine pour Tesla. Alors que de nombreux constructeurs automobiles dépendent d’importations pour alimenter le marché américain, l’entreprise d’Elon Musk reste largement épargnée par la nouvelle salve de taxes. Résultat: Trump offre à Musk un avantage concurrentiel de taille. Si les autres marques doivent relever leurs prix à cause des droits de douane punitifs, Tesla devient automatiquement plus attrayante, en pouvant maintenir ses tarifs ou ne les ajuster que marginalement.
Et le constructeur ne s’est pas privé de mettre en avant cet atout stratégique. Avant même l’annonce officielle des mesures, Tesla avait déjà revendiqué son ancrage national. «Nos modèles sont les voitures les plus fabriquées aux Etats-Unis», a écrit l’entreprise cette semaine sur X.
Crise chez Tesla
Pour Tesla, le coup de pouce venu de Washington tombe à point nommé. Depuis décembre, le cours de l’action a été divisé par deux. Et Elon Musk, avec ses prises de position controversées et sa proximité affichée avec Donald Trump, devient de plus en plus un fardeau pour la marque.
Ces dernières semaines, plusieurs showrooms Tesla ont été pris pour cible. Sur les routes aussi, la contestation gronde. De plus en plus de conducteurs affichent leur désaccord à l’égard du CEO avec des autocollants critiques collés sur leurs véhicules. A cela s’ajoutent des problèmes techniques qui ternissent un peu plus l’image du constructeur. Les livraisons ont d’abord été suspendues, puis Tesla a dû rappeler la quasi-totalité des Cybertrucks déjà livrés, en raison d’un défaut.