Après 9 ans de prison
Condamné pour corruption, cet ex-président vient d'être arrêté

L'ex-président brésilien Fernando Collor de Mello a été arrêté vendredi à Maceio. Condamné en 2023 à près de neuf ans de prison pour corruption, il était le premier président élu au suffrage universel direct après la dictature militaire.
Publié: 25.04.2025 à 16:14 heures
L'ex-président brésilien Fernando Collor de Mello a été arrêté vendredi à Maceio.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Condamné en 2023 à près de neuf ans de prison pour corruption, l'ex-président brésilien Fernando Collor de Mello, le premier élu au suffrage universel direct après la dictature militaire, a été arrêté vendredi en vue de son incarcération. Au pouvoir de 1990 à 1992, Fernando Collor de Mello, 75 ans, a été arrêté à Maceio (nord-est), a indiqué à l'AFP une source de la police fédérale sous couvert de l'anonymat, n'étant pas autorisée à s'exprimer publiquement.

Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a rejeté un ultime recours de la défense «et a ordonné l'arrestation immédiate de l'ex-président de la République et ex-sénateur Fernando Collor de Mello», a indiqué jeudi soir la plus haute juridiction du Brésil dans un communiqué.

La décision du juge Moraes, d'application «immédiate», sera soumise au vote des autres magistrats de la Cour vendredi, qui devront se prononcer par voie électronique entre 11H00 (14H00 GMT) et 23H59 (02H59 GMT samedi) pour confirmer ou invalider sa décision.

Impliqué dans un énormne scandale

L'ancien président doit rester à Maceio «jusqu'à la décision de la Cour suprême», a précisé la source policière. Sa défense avait exprimé dès jeudi soir sa «surprise» et sa «préoccupation» après l'ordre d'incarcération.

Dans un communiqué cité vendredi par la presse, elle rapporte que l'ancien président a été arrêté à Maceio «à 04H00 du matin, alors qu'il se rendait spontanément à Brasilia pour l'exécution» de sa peine. Selon des médias locaux, Fernando Collor de Mello doit être transféré dans la capitale pour y être incarcéré.

Premier président élu directement par le peuple après la dictature militaire (1964-1985), M. Collor de Mello avait démissionné à mi-mandat, en 1992, après avoir vu le Parlement ouvrir une procédure de destitution à son encontre pour corruption passive.

Il avait été condamné en 2023 à huit ans et dix mois de prison dans le cadre d'un méga-scandale révélé par l'enquête tentaculaire «Lavage-express», qui a ébranlé l'échiquier politique brésilien durant la dernière décennie.

Sénateur entre 2006 et 2022, il a été reconnu coupable d'avoir reçu 20 millions de réais entre 2010 et 2014 (environ 3 millions d'euros, au taux de change actuel) pour avoir facilité «de façon irrégulière» la signature de contrats entre une entreprise de bâtiment et une filiale de la compagnie pétrolière publique Petrobras. 

Une enquête express

Fernando Collor, dont l'élection avait suscité un immense espoir, n'est pas le premier ex-président brésilien à avoir maille à partir avec la justice. Depuis la fin de la dictature, quatre des sept occupants du palais présidentiel de Planalto ont été à un moment donné condamnés, emprisonnés ou destitués.

Quant à l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), il sera prochainement jugé pour tentative de coup d'Etat, une première. Il est accusé d'avoir voulu conjurer sa défaite à la présidentielle de 2022 et empêcher le retour au pouvoir de son rival de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, revenu aux affaires début 2023 après deux premiers mandats (2003-2010).

Également ciblé par l'enquête «Lavage-Express», Lula a été incarcéré 580 jours, d'avril 2018 à novembre 2019, après avoir été condamné pour corruption passive et blanchiment. Sa condamnation a finalement été annulée par la Cour suprême, qui a considéré que le juge qui l'a condamné en première instance n'était pas impartial.

Cette annulation a permis à la figure emblématique de la gauche de disputer, puis de remporter l'élection présidentielle de 2022 face à Jair Bolsonaro. Vainqueur de Lula en 1989, FernandoCollor de Mello avait soutenu Jair Bolsonaro durant la campagne de 2022.

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