Controverse en France
Le béton utilisé dans la construction d'une centrale nucléaire est-il aux normes?

L'Autorité de sûreté nucléaire demande des compléments d'information sur la qualité du béton de la digue de l'EPR2 à Penly. EDF assure que les contrôles effectués confirment la conformité du béton aux spécifications techniques requises.
Publié: 14.03.2025 à 22:33 heures
Le programme nucléaire français a été relancé en 2022 par Emmanuel Macron.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Le béton choisi par Eiffage pour construire une partie de la digue de protection de la future centrale EPR2 de Penly (Seine-Maritime), dont les travaux préparatoires ont débuté, n'est pas conforme aux normes de sécurité, affirment vendredi Mediapart et Reporterre, ce qu'EDF et Eiffage démentent. Selon ces médias en ligne, des tests effectués par un laboratoire pour le compte du géant du BTP Eiffage, chargé de la construction de la digue, indiquent que la composition du granulat prévu pour le béton ne répond pas aux critères exigés.

Contacté par l'AFP, Eiffage dément et indique dans un communiqué que «contrairement à ce qui a été indiqué dans plusieurs articles (...), la formulation des bétons pour le projet de l'EPR2 de Penly est conforme aux normes en vigueur et correspond aux spécifications du marché attribué au groupe Eiffage par EDF».

Eiffage ajoute que les granulats de provenance locale (Graves de Mer de Dieppe) retenus ont été testés plusieurs fois «afin d'obtenir la formulation qui répondait à l'ensemble des exigences techniques requises», et des contrôles par des laboratoires indépendants et des essais de convenance «ont conduit à la validation définitive de la formulation retenue le mercredi 5 mars 2025», le tout sous un «suivi attentif par les équipes techniques d'EDF».

«Compléments d'information» réclamés

Selon Mediapart et Reporterre, l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), qui a effectué une inspection le 27 février, a formulé sept demandes dans un courrier à EDF, publié sur son site internet, notamment autour de la qualité du béton des blocs cubiques rainurés (BCR), qui font office de première protection de la digue. L'ASNR réclame des «compléments d'information» et note que la «carapace» de la digue fait partie des éléments importants pour la protection en matière de sûreté nucléaire (EIP).

Les EIP sont les éléments «dont la défaillance aurait des conséquences directes ou indirectes» sur la maîtrise des fonctions fondamentales de sûreté nucléaire. L'autorité demande à EDF de «confirmer le ou les EIP constitutifs de la digue», de préciser les exigences de qualité associées et d'apporter les «éléments de justification» sur la maîtrise du risque de dégradation du béton.

Sollicité par l'AFP, EDF indique qu'une phase «de mise au point de la formulation du béton et de contrôle des agrégats qui le composent a été conduite avant le démarrage de la production» des BCR. Ces contrôles, réalisés par des laboratoires indépendants pour le compte d'Eiffage, «ont fait l'objet d'expertises complémentaires commanditées par EDF». «La qualité du béton utilisé pour la fabrication des BCR apparaît conforme aux spécifications techniques nécessaires à la construction de la digue, permettant le démarrage de la fabrication du béton sur site le 4 mars 2025», affirme l'énergéticien.

Programme de relance de l'atome

EDF ajoute que le béton des BCR est différent de celui utilisé pour les bâtiments nucléaires, «qui fait l'objet de classifications spécifiques et adaptées à leur niveau de sûreté». «Les travaux préparatoires de l'EPR2 de Penly se déroulent conformément au planning prévu», ajoute EDF.

Ce réacteur, dont l'entrée en service est prévue pour 2035-2037 selon EDF, fait partie du programme de relance de l'atome annoncé par Emmanuel Macron en 2022, prévoyant la construction d'au moins six réacteurs EPR2: deux à Penly (Seine-Maritime), deux à Gravelines (Nord), et deux au Bugey, au bord du Rhône.

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