Pendant plusieurs jours, Donald Trump a secoué le monde entier avec ses menaces douanières. La Suisse faisait partie des pays visés, et risquait des droits de douane punitifs allant jusqu’à 31%. Mais mercredi, le président américain a fait volte-face: il suspend ces mesures pour 90 jours – à l’exception de la Chine. Berne gagne donc du temps… mais la pression reste intacte. Quelles concessions la Suisse est-elle prête à faire à Trump?
Pour Peter Bodenmann, figure et ancien président du Parti socialiste (PS), la réponse est claire: il faut en finir avec les droits de douane agricoles «absurdement élevés». Pour la «Weltwoche», il avance que ce geste, dans l’intérêt même de la Suisse, serait aussi une «offrande symbolique» à un président en quête «de voix des régions rurales».
Si l’idée n’est pas nouvelle, Peter Bodenmann l’exprime avec une franchise rare. Même au Parti libéral-radical (PLR), le président Thierry Burkart reconnaît une possible marge de manœuvre: «Nous pourrions réduire les droits de douane sur la viande de bœuf américaine ou les supprimer sur les oranges», a-t-il déclaré, cité par la «NZZ». Des gestes ciblés, dit-il, sur des produits importants pour les États-Unis mais secondaires pour la Suisse.
Des droits de douane agricoles importants?
Un fait demeure: la Suisse applique des droits de douane à l’importation parmi les plus élevés au monde, avec une moyenne supérieure à 30% en 2022. Or, la politique commerciale de Donald Trump cible en priorité les pays affichant un excédent important – comme la Suisse, sommée de passer à la caisse. L’Union suisse des paysans a d’ailleurs souligné ce point.
Les produits agricoles, eux, ne représentent qu’une part minime des exportations suisses vers les États-Unis. Même si notre pays avait récemment assoupli ses barrières sur la viande étrangère, estime la revue spécialisée «Schweizer Bauer», «des importations supplémentaires de viande en Suisse n’auraient que peu réduit le déficit de la balance commerciale et donc les droits de douane».
Pourtant, le signal politique reste fort: les droits de douane agricoles sont régulièrement dans le viseur des États-Unis. Washington les considère comme l’un des freins les plus importants à l’accès au marché suisse. Dans ses rapports sur les réglementations étrangères, ils figurent en bonne place parmi les obstacles au commerce. Et ces droits ne concernent pas uniquement les États-Unis, mais aussi d’autres partenaires commerciaux. Jusqu’ici, toutes les tentatives politiques pour les assouplir ont échoué.