Comme le révélait Blick ce dimanche, une enquête interne des CFF met en lumière des cas de harcèlement sexuel et de mobbing sur plus de 1400 collaborateurs au cours des deux dernières années.
Patrick Kummer, vice-président du Syndicat du personnel des transports (SEV), a été informé de l'enquête en mai. L'ampleur du phénomène a surpris le syndicat, tout comme les CFF. Selon le sondage mené auprès des collaborateurs, près d'une personne sur cinq a indiqué ne pas se sentir suffisamment protégée en cas de mobbing dans son environnement de travail. Une information qui donne à réfléchir.
Pour Patrick Kummer, les personnes concernées n'ont pas connaissance des moyens de se défendre et ce, bien qu'il existe un processus clair en cas de mobbing dans l'entreprise. Mais il se peut aussi que le processus existant n'offre pas une protection suffisante du point de vue des personnes concernées. «Les CFF doivent certainement mieux communiquer à ce sujet», reconnait-il.
La communication doit être améliorée
Les CFF sont une entreprise très diversifiée, certains profils professionnels sont en forte mutation. Il est donc d'autant plus important de différencier les résultats et de regarder spécifiquement ce qu'il en est par groupe professionnel. Exemple: lors de la formation des mécaniciens de locomotive, les apprentis et les formateurs ne sont que deux dans l'étroite cabine de conduite, souvent pendant plusieurs heures. «Nous entendons régulièrement dire que cela peut être désagréable, en particulier pour les collègues féminines.»
Il s'agit là d'un défi spécifique au groupe professionnel des mécaniciens de locomotive. La culture au sein des CFF peut en effet fortement varier d'un secteur à l'autre: la collaboration dans les bureaux est très différente de celle dans le nettoyage ou dans le secteur de la construction par exemple.
Les CFF jugent les valeurs comparables à d'autres études au niveau national. Pour Patrick Kummer, l'argument ne tient pas: «C'est secondaire. Si la situation est identique ailleurs, les chiffres sont certes comparables, mais ils restent mauvais.» Selon lui, l'enquête incite à elle seule à se pencher sur les cas évoqués.
Le fait que les CFF aient lancé l'enquête de leur propre initiative est positif. La base est maintenant posée pour améliorer la situation. Il faudra attendre les résultats détaillés avant de formuler des exigences. «On peut beaucoup parler de tolérance zéro, mais il faut aussi la mettre en œuvre et la vivre», prévient le vice-président du syndicat. C'est là que les CFF devraient intervenir, tout comme au niveau de la protection et de la communication, une question «centrale», selon Patrick Kummer.
Le Conseil fédéral se veut confiant
L'Office fédéral des transports n'est pas en possession des résultats du sondage, indique-t-il à Blick. La porte-parole du conseiller fédéral de l'Union démocratique du Centre Albert Rösti, Franziska Ingold, déclare: «Le Conseil fédéral attend des CFF qu'ils appliquent systématiquement leur politique de tolérance zéro à l'égard du harcèlement sexuel.» L'Exécutif se dit convaincu que les CFF prennent les résultats de l'enquête au sérieux et qu'ils sont conscients de leur responsabilité pour agir en conséquence en cas de soupçons concrets.