Nous sommes désormais en novembre, et la guerre en Ukraine est loin d’être terminée. Si le chef du Kremlin Vladimir Poutine espérait au début conquérir le pays en quelques semaines, les Russes ont entre-temps dû changer de stratégie. Les infrastructures essentielles de l’Ukraine sont dorénavant prises pour cible. Des centrales électriques, des réservoirs de pétrole et de gaz ainsi que des nœuds de communication sont bombardés.
Cela est une manœuvre de diversion destinée à donner aux Russes le temps de se préparer à la prochaine attaque, expliquait en octobre l’expert militaire australien et ex-général Mick Ryan. Pour lui, il est clair que les Russes jouent la montre. Lui et d’autres experts sont persuadés que la guerre en Ukraine se poursuivra encore l’année prochaine.
Vladimir Poutine en est également conscient. Mick Ryan explique sur Twitter comment les Russes pourraient continuer. Il expose le plan de Poutine en cinq points.
Point 1: Attaques aériennes
Les Russes poursuivront leur tactique aérienne et continueront à attaquer des cibles stratégiques. Non seulement l’infrastructure de l’Ukraine, mais aussi des cibles militaires, comme les «centres logistiques et d’entraînement». Les troupes de Vladimir Poutine tireront notamment sur les défenses aériennes, car elles empêchent les drones et les missiles de passer. Selon Mick Ryan, «le bouclier aérien ukrainien qui est de plus en plus efficace constitue une menace pour les objectifs stratégiques de la Russie».
Point 2: Sécuriser les territoires conquis
Les Russes ont déjà conquis une partie de l’Ukraine, et ce sont précisément ces territoires qu’il faut protéger. Mais l’Ukraine a déjà pu reprendre du terrain en contre-attaque. En l’espace de quelques jours, elle a réussi, selon ses propres indications, à reconquérir plus de 400 kilomètres carrés de territoire dans la région de Kherson. Pour la Russie, il faut à tout prix éviter de nouvelles pertes.
Point 3: La russification de l’Ukraine
Les territoires contrôlés par la Russie en Ukraine continueront à être russifiés, écrit l’ex-général australien. Il parle d'«activités politiques», mais ne développe pas davantage. Il se contente de faire référence à la ville de Kherson. Et on a pu voir comment la Russie agissait. La ville, située à proximité de la péninsule de la Crimée, a été la première grande ville ukrainienne à être prise par les forces russes après le début de l’offensive. Fin septembre, Moscou a annexé le territoire situé au sud de l’Ukraine. La russification des territoires conquis serait cruciale pour que Poutine puisse continuer à légitimer son invasion.
Point 4: Imposer des guerres de position
Il est également important pour l’année à venir que l’armée russe soit soulagée. Pour cela, des missions «d’économie de forces» devraient suivre. L’objectif est de forcer les Ukrainiens à mener une guerre de position à certains endroits. On gagnerait ainsi du temps et les Ukrainiens ne pourraient pas lancer d’offensives pour reconquérir des territoires. Une stratégie d’autant plus nécessaire puisque l’armée de Vladimir Poutine a subi de lourdes pertes. Le chef du Kremlin a été obligé d’annoncer une mobilisation partielle afin de pouvoir envoyer d’autres soldats sur le front.
Point 5: Rendre l’armée plus efficace
Pour l’année à venir, un dernier grand objectif devrait être «d’améliorer l’efficacité des forces terrestres et aériennes russes sur le champ de bataille», écrit Mick Ryan. Cela signifie que les Russes tenteront d’augmenter l’approvisionnement de l’armée afin de veiller au ravitaillement. Car c’est justement l’équipement, les munitions et les armes qui font manifestement défaut sur le front. Des soldats se plaignent régulièrement de la mauvaise logistique. Pour cela, les Russes devraient donc aussi viser à mieux se prémunir de cette problématique.
L’Ukraine peut gagner la guerre
Mick Ryan explique également comment l’Ukraine et l’Occident peuvent réagir à ces cinq points. «Premièrement, un soutien occidental continu – sous forme d’équipement, de formation, de financement et d’aide humanitaire – est nécessaire.»
Il faudra du temps, des ressources et une patience stratégique pour que l’Ukraine puisse s’imposer. Il serait particulièrement important de fournir suffisamment de défense aérienne et antimissile. Précisément parce que les Russes continueront à miser sur des attaques aériennes. Mais surtout parce que les troupes de Vladimir Poutine vont recevoir d’autres drones kamikazes d’Iran.
Cet hiver, la guerre va perdre de sa vitesse. Et c’est exactement grâce à cela que les Russes, mais aussi les Ukrainiens et l’Occident, auront suffisamment de temps pour se préparer pour l’année prochaine. Mick Ryan ne peut évidemment pas exposer avec précision les plans de Vladimir Poutine. Ses points et ses pensées ne sont que supposition: «C’est impossible (de prévoir exactement ce qu’il va se passer) – il y a trop d’impondérables dans la guerre pour cela.»