L'armée de l'ombre de Vladimir Poutine, le groupe Wagner, soutient depuis des mois l'armée russe sur le front. Et elle aussi a dû essuyer de lourdes pertes.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle des criminels ont été sortis des prisons pour rejoindre les rangs militaires. Cela entraîne de gros problèmes, notamment des troubles au sein de la troupe Wagner. Le cas de Sergueï Serbesov, relaté par la journaliste et militante des droits de l'homme Olga Romanova, est un bon exemple.
A lire aussi
Sergueï Serbesov est Ukrainien. Il avait été condamné en Russie à plus de neuf ans de prison pour plusieurs délits liés à la drogue. Il avait été transféré dans une colonie pénitentiaire de l'oblast de Saratov. Lorsque les Russes ont envahi l'Ukraine, un membre du groupe Wagner se serait présenté peu après dans le pénitencier, selon les déclarations de l'épouse du criminel.
Les déserteurs sont enterrés dans une fosse commune
On aurait affirmé aux prisonniers qu'ils seraient envoyés au front, «qu'ils le veuillent ou non». Pourtant, il était officiellement dit que le groupe Wagner ne comptait que sur les hommes qui se portaient volontaires. En contrepartie, de grandes promesses ont été faites. Celui qui s'engage au front dans le Donbass bénéficie d'une grâce, d'une solde importante - et d'un cercueil gratuit ainsi que d'une fortune pour la famille en cas de mort «digne».
Selon sa femme, Sergueï Serbesov l'a contacté le 28 septembre pour lui dire qu'il allait bientôt être emmené au front. Puis, silence radio. Ce n'est que le 15 octobre que son téléphone portable a vibré. Un SMS. L'expéditeur? Anonyme.
1000 dollars contre le corps
Le message indiquait que son mari avait été abattu parce qu'il avait déserté. Plus tard, quelqu'un a une nouvelle fois contacté la famille de l'Ukrainien. Non pas pour présenter ses condoléances, mais pour de l'argent. Il a exigé 1000 dollars américains, après quoi il dirait où se trouvait le corps du défunt: «Je peux vous assurer que les informations sont fiables. Il ne peut pas s'agir d'une erreur, car l'un des membres de son unité l'a identifié.» Soit son corps restait sur le champ de bataille, soit il pouvait être récupéré.
La famille devait prendre une décision rapidement. «Les rapports sur les morts sont déjà établis. Comme vous le savez, les déserteurs et les pillards sont enterrés dans une fosse commune sans les honneurs militaires», précise l'informateur.
«Tout est en ordre, ne croyez pas les rumeurs»
Mais la famille n'a pas cédé au chantage. Et heureusement! Car peu après, Sergueï Serbesov a pris la parole dans une vidéo publiée sur un site d'information lié au patron de Wagner, Evgueni Prigojine. Dans la vidéo, l'Ukrainien s'adressait directement à sa femme: «Tout va bien, ne crois pas les rumeurs.» Les informations concernant sa mort ne sont pas vraies, a-t-il ajouté: il est vivant, il l'aime et elle lui manque.
Un autre membre de Wagner a-t-il été abattu et mal identifié? Difficile à dire. Mais il est bien possible que le groupe Wagner se fasse effectivement de l'argent en vendant des déserteurs morts, en faisant chanter les familles et en menaçant d'abandonner les corps.