Martin Griffiths a une tâche compliquée: faire en sorte que la sécurité de l'acheminement d'aide humanitaire au Soudan soit garantie, dans un contexte chaotique de lutte armée des factions de deux généraux ennemis. Le chef des affaires humanitaires de l'ONU est présent sur place à cet effet.
«Je suis confiant sur le fait que les organisations humanitaires restent et réussissent» à faire leur travail, a-t-il affirmé à la presse à Genève depuis Port-Soudan. Mais «nous devons être sûrs d'avoir un engagement» des parties à pouvoir garantir en toute sécurité un acheminement de l'aide.
Or, malgré des promesses, plusieurs camions vers le Darfour ont été pillés. Il faut que les humanitaires puissent se déplacer librement. Des difficultés bureaucratiques doivent aussi être levées, affirme M. Griffiths. Pour le moment, l'assistance qui arrive se limite à des cargaisons notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de Médecins Sans Frontières (MSF).
Appel pour plusieurs accords
«Nous avons clairement un plan pour déployer du personnel» à Khartoum et dans d'autres régions du pays affectées par les violences, insiste le chef des affaires humanitaires de l'ONU. De même que pour acheminer de l'approvisionnement en nourriture, en eau ou en médicaments. Mais il faut des garanties de sécurité, notamment pour faire entrer du matériel depuis le Tchad.
Le dialogue avec les parties a déjà démarré. Mais il doit s'intensifier dans les prochains jours, selon M. Griffiths. Il faut des accords avec les dirigeants des deux parties, mais aussi «des arrangements locaux».
Il veut désormais que l'ONU puisse avoir un «tête-à-tête» séparé avec le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui s'affrontent depuis trois semaines. Ce dialogue doit avoir lieu «dès que possible pour leur expliquer nos exigences», ajoute-t-il.
Centaines de victimes au moins
Il faut qu'«il soit clair pour eux et pour nous, quels types d'arrangements nous pouvons obtenir de manière réaliste et ce qu'ils peuvent attendre de manière réaliste de nous comme soutien humanitaire». Mais pour le moment, M. Griffiths admet que la question sécuritaire, plutôt que celle de l'humanitaire, est davantage une préoccupation des parties.
Malgré une possible trêve qui pourrait être arrachée par les autorités sud-soudanaises, il se dit convaincu que les déplacements de populations vont se poursuivre: «Je ne pense pas que nous ayons vu la fin de personnes cherchant davantage de sécurité au Soudan et dans les pays voisins.»
Plus de 330'000 personnes sont déplacées internes après trois semaines de violences. Plus de 100'000 ont elles rejoint d'autres pays de la région. Et le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a estimé que jusqu'à 800'000 personnes pourraient fuir le Soudan. Les affrontements ont fait plusieurs centaines de victimes et des milliers de blessés, des chiffres probablement sous-estimés.
Bureau saoudien attaqué et pillé à Khartoum
Par ailleurs, le bâtiment du bureau culturel saoudien à Khartoum a été attaqué mardi matin par un «groupe armé» qui a «endommagé des équipements et des caméras», volé du matériel «et abîmé les systèmes informatiques et les serveurs», a affirmé le Ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué. Le royaume «condamne vivement» l'incident et «appelle à en sanctionner les auteurs.»
L'Arabie saoudite s'affiche comme médiateur dans le conflit soudanais. La monarchie pétrolière entretient des relations avec les deux généraux rivaux, le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane, et le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, qui se livrent à une guerre sans merci depuis le 15 avril.
L'Arabie saoudite a déjà organisé l'évacuation plus de 5600 ressortissants saoudiens et étrangers. Dimanche, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a rencontré un émissaire du général Burhane.
(ATS)