Depuis le 23 février, soit la veille du début de l'invasion en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, ne s’est pas rendu au principal bâtiment gouvernemental, le Kremlin. Exercer son pouvoir depuis Moscou est devenu trop dangereux pour lui, selon le journal allemand «Bild». Par peur des attentats, il semble organiser une sorte de «bunker hopping», en se faisant transporter d’une cachette à l’autre.
Pour son jeu de cache-cache, le président russe utiliserait sept lieux, poursuit le journal. Il possède ainsi son propre appartement à Moscou et d’autres résidences dans la ville de Kaliningrad par exemple, ou en Carélie (région proche de la Finlande), dans les montagnes de l’Altaï et en Crimée, près de Yalta. Il est en outre propriétaire d’une grande villa à Sotchi, au bord de la mer Noire, mais les experts excluent qu'il y réside actuellement.
Son lieu de séjour est incertain
Il est beaucoup plus probable que Vladimir Poutine utilise l’une des résidences de l’armée ou de l’administration présidentielle. Le bunker nucléaire de Samara, situé à 860 kilomètres de Moscou, sur la rive est de la Volga, en fait partie. Ce bunker avait été construit sous les ordres de Joseph Staline, pendant la Seconde Guerre mondiale, comme lieu de repli en cas de prise de Moscou.
Mais ne rester que dans un seul lieu de séjour est sans doute trop dangereux aux yeux du président russe. On suppose qu’il se fait conduire d’un endroit à l’autre dans l’un de ses avions ou dans sa voiture, l'Aurus Senat.
Cette dernière a été spécialement conçue pour lui sous le nom de code «Projet Kortesch». L'Aurus Senat mesure 6,63 mètres de long, 2 mètres de large et 1,70 mètre de haut – afin que le dirigeant du Kremlin puisse y monter confortablement et sans se pencher. De plus, la voiture est équipée d’un moteur V8 Porsche de 4,4 litres, développe 600 chevaux et atteint 250 kilomètres à l’heure au compteur lors des pics de puissance. La voiture est en outre blindée de l’épaisseur d’un bras et pèse 6,5 tonnes.
L’Iliouchine 96-300 PU, le «Kremlin volant» de Poutine, a quant à lui été spécialement transformé et son équipement rappelle celui d’un film d’espionnage: il est équipé d’un transpondeur qui permet à l’appareil de ne pas être détecté par les radars, il possède un système de défense antimissile et une capsule de secours en cas de situation de crise. Le luxe n'est pas en reste: une salle de sport, une salle à manger, des douches et une station de premiers secours y ont également été installées.
Les gardes du corps de Poutine
Des agents de sécurité du FSO («Federalnaja Sluschba Ochrany», «Service fédéral de sécurité») et des gardes nationaux sont chargés de veiller sur la sécurité du président. Les gardes du corps de Vladimir Poutine – qui se désignent eux-mêmes comme ses «mousquetaires» – font justement partie de ces groupes. Selon le site web «Beyond Russia», les gardes du corps de Poutine sont triés sur le volet en fonction de qualités telles que la «psychologie opérationnelle», l’endurance physique et la capacité à supporter le froid et à ne pas transpirer par temps chaud.
Selon les rapports, ils sont équipés de mallettes spéciales qui servent de boucliers à Poutine et portent des pistolets vectoriels fabriqués en Russie et chargés de balles perforantes. Lorsqu’il apparaît en public, il est entouré de quatre anneaux de forces de sécurité, à commencer par ses gardes du corps personnels, d’autres cachés dans la foule, d’autres encore qui bouclent les environs, et des tireurs d’élite postés sur les toits environnants.
Jamais sans ses proches
Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, fidèle diffuseur de propagande et «arme à tout faire» du président russe, fait également partie du groupe de voyage. Il a par exemple encore affirmé jeudi que la Russie ne visait «que des objets militaires» et travaillait «exclusivement avec des armes de haute précision». Il maintient également l’affirmation selon laquelle la Russie doit se protéger contre la menace de l’Occident. C’est également Sergueï Choigu qui, lundi dernier, a mis les armes nucléaires russes en état d’alerte renforcée. Cet ingénieur de formation jouit d’une grande estime auprès de maître du Kremlin. Ils partent ensemble en vacances d’été. Choïgou est aussi «l’homme numéro un» de Poutine lorsqu’il s’agit de lutter contre le critique du Kremlin Alexei Navalny.
Autre proche de Vladimir Poutine: le chef d’état-major général, Valeri Gerassimov, l'adjoint de Sergueï Choïgou. Après ses études à l’école d’officiers de Kazan, il a passé toute sa carrière dans l’armée. Gerassimov est responsable de la conduite opérationnelle de la guerre en Ukraine. En 2021, selon les médias russes, il n'a pas hésité à affirmer que le Kremlin se réservait le droit d’utiliser des armes nucléaires si un agresseur en utilisait contre la Russie ou si l’existence de l’État russe était menacée.
(Adaptation par Thibault Gilgen)