Si elle était encore considérée comme une gamine criarde qui hurlait ses slogans hostiles à l'UE dans des meetings, Giorgia Meloni a entre-temps calmé le jeu. Elle a adopté un ton pro-UE et on l'a même vu faire la bise à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et au président américain Joe Biden. La Première ministre italienne a beaucoup changé depuis son entrée en fonction en octobre 2022.
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Du haut de ses 163 centimètres, la cheffe du gouvernement du parti Fratelli d'Italia a ainsi réussi à étendre son influence à l'échelle européenne. Son objectif pour les élections parlementaires européennes du 9 juin est clair: constituer une majorité de droite. Dans une interview pour la Rai, elle a déclaré: «Il existe aujourd'hui des possibilités de changer l'image de l'Europe qui n'existaient pas auparavant. Nous nous devons de les saisir.»
Ursula von der Leyen avec les droites
Elle donne ainsi le ton: l'Italie ne veut plus être à la traîne de la France ou de l'Allemagne, mais mener elle-même la danse en Europe. D'autres politiciens de premier plan sont conscients de cette influence croissante sur le pouvoir. Au cours des dernières semaines, Giorgia Meloni a ainsi été particulièrement courtisée par Ursula von der Leyen et, en France, la présidente du Rassemblement National (RN) Marine Le Pen.
Ursula Von der Leyen, qui souhaite être reconduite à son poste de présidente de la Commission européenne, n'exclut plus une collaboration entre son Parti populaire européen (PPE) de centre-droit et les Conservateurs et réformistes européens (CRE) d'extrême droite. Le CRE regroupe des forces eurosceptiques et populistes de droite telles que le parti de Meloni Fratelli d'Italia, le PiS polonais, Vox pour l'Espagne, la N-VA belge, le Forum civique tchèque, les Démocrates de Suède et Le Parti des Finlandais.
Marine Le Pen, du RN français, qualifie un rapprochement avec Giorgia Meloni de «vraiment utile» et a avancé il y a quelques jours: «C'est le moment de s'unir.» Le parti de Marine Le Pen fait partie au Parlement européen du groupe de droite Identité et Démocratie (ID), qui vient d'exclure l'AfD allemande pour cause d'extrémisme de droite.
La droite va frapper
Les sondages d'Euronews prévoient que sans l'AfD, les deux groupes de droite pourraient obtenir ensemble jusqu'à 144 sièges sur un total maximum de 751. S'ils s'unissent, ils dépasseraient ainsi le centre-gauche et les libéraux et deviendraient la deuxième force politique au Parlement, derrière le PPE.
La position de Meloni sur la guerre en Ukraine lui vaut également des sympathies au sein des partis du centre à Bruxelles. Contrairement à d'autres partis de droite comme l'AfD et le Fidesz hongrois, elle s'est montrée clairement pro-Ukraine et a toujours soutenu les sanctions contre Moscou.
La faiseuse de roi
Pour Jonathan B. Slapin, professeur d'institutions politiques et de politique européenne à l'université de Zurich, une chose est sûre: «Meloni est une femme politique extrêmement douée. Elle joue actuellement un rôle très important dans la politique européenne.»
Elle a réussi à surfer sur le courant dominant et à se tourner vers le centre sur la scène mondiale. Dans le même temps, elle a pu maintenir et même encourager le soutien des groupes marginaux plus radicaux dans son propre pays.
Le grand défi de Giorgia Meloni au Parlement européen sera de maintenir la cohésion du groupe CRE diversifié. «Ils sont d'accord sur une politique d'immigration dure et sont en général socialement conservateurs. Mais en dehors de cela, il y a peu d'accord, comme par exemple sur la politique ukrainienne.»
Avec son influence, Meloni devrait devenir la nouvelle faiseuse de roi en Europe. Jonathan B. Slapin conclut: «Le soutien de Meloni et les voix de son groupe CRE seront très importants pour Ursula von der Leyen.»